Garcia, aide cuisinier, Wolfgang's Steakhouse, honolulu, 2014. Jean-Jacques Dicker
Expositions du 22/11/2015 au 16/1/2016 Terminé
Fondation Auer Ory 10, rue du Couchant 1248 Hermance Suisse
Fondation Auer Ory 10, rue du Couchant 1248 Hermance Suisse
Comme beaucoup d’artistes, Jean-Jacques Dicker a un emploi nourricier pour régler ses factures. Pour lui, c’est serveur; une occupation dans laquelle il excelle depuis plus de quarante ans, grâce à son talent naturel de comédien et ses connaissances linguistiques: il parle six langues dont le japonais, important chez Wolfgang, car les trois-quarts de la clientèle est japonaise. De plus, son accent français, accentué de sa belle voix de baryton - basse, transforme tout menu en une poésie de fantasmes culinaires.
Anthony, serveur, Wolfgang's Steakhouse, Honolulu, 2014. Jean-Jacques Dicker
Mais JJ est avant tout photographe. En cinq ans de travail chez Wolfgang, il a vu défiler une centaine d’employés: serveurs, barmen, plongeurs, cuisiniers, hôtesses et managers. A plein temps, une cinquantaine de personnes y travaillent et JJ s’est lancé dans un projet à la August Sanders: le portrait de Wolfang’s Steakhouse.
Muni d’un Plaubel Makina W67 et d’un trépied qu’il laisse au restaurant, il utilise l’éclairage ambiant pour capter la belle lumière tamisée accentuant le décor ancien du restaurant. Il décide de l’emplacement et laisse aux modèles la liberté de choisir la pose. Il ne leur demande que de se mettre à l’aise et de ne pas bouger, afin de permettre à la lumière de se déposer lentement sur la pellicule—oui, JJ est resté fidèle au film et à la chambre noire.
Anthony, serveur, Wolfgang's Steakhouse, Honolulu, vers 2014. Jean-Jacques Dicker
Au travers de ce projet, JJ découvre comme les gens aiment se faire photographier. Il découvre aussi combien l’habit, pour un instant, éveille le moine. Ainsi, Darren et Mitch qui sont à la fois serveurs et managers, expriment une personnalité différente, dans l’habit du serveur, que dans celle du manager.
Souvent, les modèles veulent l’engager pour photographier leur famille, mais la réponse est toujours négative. JJ reste fidèle à sa vision et, en aucun cas, il ne veut se soumettre à la vision des autres. En échange de leurs poses, les modèles reçoivent une très belle photo d’eux-mêmes en argentique. Quoi de plus merveilleux ?
A ce jour, JJ a créé septante-six portraits, et le projet se poursuit.