Pilgrim’s Way (by Offa’s Dyke), 2008 © Tom Wood courtesy galerie Sit Down.
jour-là, vous ne le connaissez pas, vous ne l’avez pas encore remarqué, qu’il vous photographie déjà depuis un moment, avec ceux qui vous entourent. Lorsque, entre deux rafales d’images qu’il saisit sans en avoir l’air – le bras levé, l’œil vérifiant rapidement l’écran de son appareil – vous surprenez son regard, il bredouille quelques mots et vous fixe en souriant. Comme si ce sourire énigmatique, mi-poli mi-espiègle, était la meilleure réponse à la question “ pourquoi photographier? “
The Shepperd, 2008, © Tom Wood courtesy galerie Sit Down.
En déménageant en 2003 dans le verdoyant Pays de Galles, il voulait changer d’air, fuir l’âpreté de la ville et se poser la “question du paysage“. Dans cette région isolée, située à une heure de route de Liverpool, c’est à pied, à vélo ou grâce aux rares bus - faute de permis de conduire - qu’il part chaque jour explorer la campagne, posant son trépied parmi les événements de la vie agricole, les bâtiments laissés à l’oubli, les paysages nus.
Il livre de ce pays un portrait noueux où, en dehors de rares groupes de touristes croisés au détour d’un panorama, les hommes ont presque disparu ; où les bêtes peuplent le bocage. Le photographe semble à l’aise, comme l’indique le titre qu’il choisit pour cette série : “Cynefin“, une expression galloise qui renvoie à la familiarité que l’on éprouve face à un endroit, l’évidence de se retrouver en territoire ami.
Loggerheads Country Park 2010 © Tom
Cet environnement suscite un formalisme inédit, obtenu à l’aide d’un vieil appareil panoramique argentique “Noblex“ qu’il utilisait jusqu’alors occasionnellement. Le paysage se tord, s’étire. Les arbres majestueux y déploient leurs branches interminables sous lesquelles, comme des vestiges archéologiques, dorment des engins agricoles, les intérieurs des fermes semblent de guingois, les moutons indifférents. Parfois, sous l’effet de quelque illusion d’optique offerte par le paysage, l’espace parait se resserrer à la manière d’un objectif “fisheye“. L’œil du photographe. Comme pour rappeler que quelque soit l’environnement où ils évoluent, Tom Wood et sa curiosité restent à l’affût.
Pen Y Cefn Road, 2004 © Tom Wood courtesy galerie Sit Down