©Eric Bouttier, Instants, Cinéma
Expositions du 31/10/2015 au 25/11/15 Terminé
Espace Galerie du Sel 47 Grande Rue 92130 Sèvres France
Dans son besoin d’enregistrer le monde qui l’entoure, Eric Bouttier explore différentes facettes de l’image argentique, libre de passer du noir et blanc à la couleur comme d’alterner l’usage de supports "amateurs" (appareils-jouets, Super 8) et d’appareils professionnels. Il développe un travail sensoriel proche du documentaire ou du journal intime, abordant la notion de territoire d’origine et l’univers de l’enfance. Entre images fixes et images en mouvement, instantané photographique et déploiement cinématographique, Eric cherche à capter des moments du quotidien pour interroger leurs pistes narratives et fictionnelles.Espace Galerie du Sel 47 Grande Rue 92130 Sèvres France
Photographies de voyages, réalisées en mouvements avec un appareil à 4 objectifs
DES PAYSEMENTS / Photographies argentiques N&B / 2005-2011 qui fragmente ou étire un instantané en 4 images sur 2 secondes.
Le choix de découper une vue en quatre bandeaux successifs laisse penser qu'une seule image aurait été impuissante, pour son auteur, à restituer la force et la temporalité du sujet. La vignette, ainsi divisée mécaniquement par l'appareil lomographique*, offre différents points de vues sur la scène enregistrée. Il est alors donné à voir cinq images : une première, graphique, incrustée des quatre autres. La reconstruction du réel s'opère par assemblage, comme le ferait un monteur de cinéma. Il existe toutefois une autonomie de chaque "quadriptyque", reposant sur l'interdépendance des fragments le composant. On pense au défilement cinématographique, mais à défaut d'avoir 24 images par seconde, nous voici devant 4 images par 2 secondes, immobiles, le mouvement suggéré seulement. La scène est saisie avec immédiateté par petits morceaux décalés, provoquant une forte charge elliptique dans la narration.
Emmanuel Madec, directeur artistique de la galerie Le Lieu, 2010
LES TEMPS CALMES / Photographies argentiques couleur / 2010
Journal photographique en Cinémascope n° 1 : carnet du quotidien au gré des aller retours entre la Bretagne et l’Île-de-France. Récit sur la fin de l’enfance.
LE VOYAGE INCERTAIN / Photographies argentiques couleur / 2010-2013
Journal photographique en Cinémascope n°2 : carnet de route d’un périple entre Paris et Beyrouth, doublé du récit d’une reconquête amoureuse.
Dans Le Voyage incertain et Les Temps calmes, qui participent d'un même procédé, de "faux panoramiques" (qui évoquent à coup sûr le cinémascope) transportent le regardeur vers un autre type de voyage, à la croisée du journal et du rêve éveillé. Quand la séquence intervient, elle a pour motif de nous amener vers d'autres images, isolées cette fois. Les plans se succèdent, un à un, avec une unité de ton et cette douce inquiétude, omniprésente, qui crée un état de légère tension.
E. Madec, 2010
LANDED / Photographies argentiques couleur / 2012-2014
Journal photographique en Cinémascope n°3 : carnet du quotidien sur l’expérience de la paternité et l’univers "primitif" de la petite enfance, à l’orée du conte.
©Eric Bouttier
D’ICI / Vidéo d'après •lm Super8 / 2008
Cartographie du territoire d’origine et du temps de l’enfance en Bretagne, hommage à la figure tutélaire de la grand-mère, entre essai documentaire et film expérimental.
L’OUEST / Vidéo d'après •lm Super8 / 2014
Exploration de l’île d’Ouessant, terre la plus occidentale de la France métropolitaine, irradiant ses récits de navires échoués et de tempêtes légendaires.
En traversant ces ensembles, on relève un balancement entre la notion d'instant, propre au médium photographique, et l'étirement des images fixes vers l'accomplissement de la durée, qui caractérise le cinéma. D'une certaine manière, il y a comme une résistance à accepter les natures des deux médiums. Elles sont déplacées, de l'une vers l'autre, au travers de choix formels. Si ce va-et-vient entre cinéma et photographie est notable, on peut aussi souligner la facture des images qui ne résulte pas de décisions innocentes. L'expression de l'incertitude face au visible et de notre vulnérabilité face au monde passe par un grain très présent ou par le rendu « mélancolique » du super 8 avec sa faible définition. Aussi, par les brûlures aigües (rouges, jaunes) déchirant les photographies panoramiques, allant parfois jusqu'à les couper en deux.
Ce qui entre aussi en jeu dans le travail du photographe, c'est le prétexte du déplacement, du voyage, afin d'explorer les incidences esthétiques des outils employés sur la photographie de genre (journal photographique, carnet de voyage). Se servir de caméras-jouets induit un dispositif qui contribue à l'émancipation des images à connotation amatrice. Elles sont transférées dans une démarche d'auteur, et convoquent de fait, par ce choix d'écriture, la mémoire collective. On décèle ainsi une posture ferme, qui refuse la hiérarchie des pratiques de l'image, envisageant l'ensemble des champs photographiques et cinématographiques comme des possibles. On lit, dans ce que les images intègrent de doute et de fragilité, une remise en question continuelle du rapport au réel. La cartographie d'un parcours, au fond très personnel, trouve donc aisément sa place dans cette sincère restitution de la quête de repères. Eric Bouttier nous amène avec pudeur dans la position de celui qui voit sans être vu, en nous rapportant les marques de ses expériences. Nous sommes dans l'enregistrement in extremis des scènes auxquelles assiste l'auteur. Ceci contribue à donner aux images leur singularité : ce placement entre instantanéité et déploiement.
E. Madec, 2010
Né en 1981, Eric Bouttier est photographe indépendant. Il vit et travaille entre Paris et la Bretagne. Tout en exposant régulièrement en France et à l’étranger, il collabore avec la production audiovisuelle sur des documentaires artistiques et anime des ateliers auprès d’enfants et d’adolescents dans différentes structures, notamment le Relais Jeunes de Sèvres. Il est représenté par l’agence Voz’Images.