Affiche de l'exposition de Marion Tampon-Lajarriette "Soleils Noirs"
Pour son exposition personnelle au Centre d’art Les Brasseurs, Marion Tampon-Lajarriette présentera un ensemble de photographies, collages et vidéos dont les dimensions sonores et installatives se déploieront au sein du bâtiment art déco qui s’étend sur 530 m2 répartis sur deux étages, dans le centre ville liégeois. L’artiste y poursuit un travail mené à partir des collections de différents grands musées. Sculptures antiques et modernes (Monument Enantiomorphe, La Nuit des Tours) sont réinventées par le biais d’un travail sur le cadrage, la mise en scène lumineuse ou les techniques d’imagerie infrarouge ; interventions qui activent leurs métamorphoses dans les registres du fantastique et de l’étrange. Ces objets historiques se voient ainsi transfigurés en possibles paysages extra-planétaires où les soleils qui se lèvent, se couchent ou tournent infiniment en un court circuit cosmique nous renvoient à d’autres systèmes stellaires inconnus (Gorgon Gnomon, Les Couchants). Les vases funéraires et bustes antiques à l’origine des images de la série photographique Igneous Rocks ou de l’installation vidéo Gorgon Gnomon évoquent pourtant les dieux et déesses gréco-romains Apollon, Vénus, Perséphone ou encore la gorgone Méduse – ces figures mythologiques qui constituent peut-être la part la plus divine et atemporelle de l’Homme de par leur universalité et leur lien intime avec la cosmogonie. Ces différentes propositions dessinent ainsi un lien entre le mystère d’un ici, soumis aux aléas du temps et de la mémoire, et d’un ailleurs, éloigné par l’espace autant que par le temps à une échelle cosmique.
L’exposition dans son ensemble se construira donc selon ce fil rouge des trajectoires du cosmique et de l’historique, mais aussi selon celui des illusions, optiques et intellectuelles. Un travail sur la géométrie se retrouvera en effet dans diverses réalisations, que ce soit dans la mise en scène de l’installation vidéo Gorgon Gnomon, dans la série d’animations vidéo Les Harmonistes basée sur les cinq solides de Platon, ou encore dans les séries de collages Alogon. Usant des formes géométriques dites « impossibles » découpées dans le cadre imposé des pleines pages de vieux livres d’astronomie, ces collages semblent faire émerger des volumes qui ne pourraient pourtant pas exister dans notre espace tridimensionnel. L’artiste questionne par ces moyens notre tendance à nous projeter dans des images et des savoirs, avec les possibilités et les limites de notre perspective proprement humaine. C’est aussi ce qu’évoquent les nouvelles réalisations utilisant différents aspects de la stéréoscopie ou de vrais-faux diptyques. Soulignée par la présence récurrente de jeux d’ombres et de lumière dans un grand nombre d’œuvres présentées, la question du double s’ouvre aux multiples facettes de l’écho, de l’ombre ou de la copie, insistant sur l'insaisissable nature de l’objet perçu ou étudié.