Emilie Arfeuil
« Le 17 Avril 2015 a marqué les 40 ans de la prise de Phnom Penh par les Khmers Rouges suivie de plus de 3 ans de violence. Le Cambodge porte toujours en lui les traces de ce génocide et se reconstruit sur le non-dit d’une génération traumatisée. Un pays de silence. C’est ma ressemblance avec sa sœur disparue qui déclencha ma rencontre avec Tut, un pêcheur vivant à Kampot dans le sud du Cambodge, puis la curiosité réciproque, et le retour de la mémoire. À partir de ce lien ténu s’est tissée une relation de confiance, construite sur plus de 3 ans, pendant lesquels il m’a racontée les tortures subies lorsqu’il était encore adolescent, et jusqu’à présent enfouies en lui. Parce que nous ne parlons pas la même langue, notre communication s’est développée dans le silence, à travers le langage du corps. Les mimes se sont mêlés au quotidien, la violence passée pouvant ressurgir au travers de chaque objet. Une fleur coupée, une amputation ; un fruit ensaché, l’étouffement. Tut est allé jusqu’à se remettre en scène, créer des reconstitutions pour témoigner de ce qu’il a vécu. Cette série partage une rencontre intime et dresse un portrait sensoriel de la mémoire enfouie, la manière dont elle transparaît dans les gestes, les attitudes et les regards, dont elle peut définir une personne et la marquer à vie. »
Émilie Arfeuil
Vernissage de l’exposition « Un passé sous silence » d’Émilie Arfeuil © Maxime Faury
Stimultania et le GRAPh-C.M.I présentent la première exposition personnelle d’Émilie Arfeuil, « Un passé sous silence ». Cette exposition propose des photographies d’Émilie Arfeuil ainsi que des installations vidéos réalisées par Alexandre Liebert. Le projet transmédia Scars of Cambodia prend également la forme d’un documentaire de création de 30 minutes, d’un livre de photographies et d’un diaporama sonore.
Emilie Arfeuil est née à Clermont-Ferrand en 1983. Elle vit et travaille à Paris entre deux voyages. Photographe et cinéaste, elle mêle étroitement dans ses projets approche documentaire et mise en scène. Dans des ambiances au sentiment de « temps suspendu », inspirées par la peinture flamande et le cinéma, elle traite principalement des thématiques de la mémoire, de l’intime et des questions identitaires. En 2014, elle partage avec le réalisateur Alexandre Liebert quatre Prix du meilleur Documentaire (Sedicicorto – Italie, TIFF – Albanie, DocsDF – Mexico, Midff Doker – Moscou), un Prix de la meilleure Photographie et un Prix de la meilleure Musique originale (Festival International du Court-métrage de Clermont-Ferrand), ainsi qu’une Nomination pour le Prix de la meilleure Photographie (Grand off – Varsovie) pour le film documentaire «Scars of Cambodia» (également sélectionné dans une vingtaine de Festivals à travers le monde). Ses diaporamas sonores sont projetés au Mois de la Photo à Paris, au MAP ainsi qu’aux Assises du Photojournalisme. En 2013, elle expose au Salon de la Photo à Paris, à la Galerie Egbert Baqué à Berlin et au Bophana Center à Phnom Penh. En 2012, elle est lauréate du Prix du Public au Festival Portraits de Vichy et finaliste de la Bourse du talent Reportage. En 2011, elle est lauréate SFR Jeunes Talents et réalise une carte blanche exposée au Forum des Halles puis aux côtés de Doisneau à l’Hôtel de Ville. Elle est membre du Studio Hans Lucas depuis 2012.
Alexandre Liebert est né en région parisienne en 1981. Il vit et travaille à Paris entre deux voyages. Après des études théoriques de cinéma à l’Université Panthéon-Sorbonne, Alexandre réalise plusieurs courts-métrages de fiction et des œuvres expérimentales, tels que Chimère (3 sélections en festivals) ou AE [Eudanl’Ah] (12 sélections et 5 prix). En 2010, au cours d’un voyage en solitaire de 8 mois en Inde, il réalise ses premières expériences documentaires, ainsi que de nombreuses Bêtises filmiques.
Après 3 ans passés sur le projet Scars of Cambodia (8 prix, 20 sélections en festivals), il travaille aujourd’hui sur de nouveaux projets de documentaires de création, sur la solitude en milieu urbain et le devoir de mémoire. Son approche a la particularité d’allier une esthétique et des techniques issues de la fiction à une écriture documentaire.
Parallèlement à ses projets à long-terme, il réalise des clips, ainsi que des mini-séries, sous la forme d’auto-filmage, telles que Arlala, websérie décalée sur les Rencontres de la Photographie d’Arles, diffusée par le magazine OAI13.