Gruff, tenant farmer since 1942, overlooking Dolmelynllyn 2011 © Tom Wood courtesy galerie Sit Dow
Expositions du 10/11/2015 au 20/12/15 Terminé
Galerie SIT DOWN 4, rue Sainte-Anastase 75003 Paris France
Tom Wood : à l’affut du paysageGalerie SIT DOWN 4, rue Sainte-Anastase 75003 Paris France
"Après 30 ans passés à documenter l’Angleterre urbaine de Liverpool et du Merseyside, le maitre de la photographie d’outre-Manche se tourne vers le temps suspendu des paysages du Pays de Galles, où il vit désormais. La galerie Sit Down présente jusqu’au 20 décembre 2015 quelques images de sa série “Cynefin“ : “ce lieu familier“.
Comme le battement d’un oeil, Tom Wood ne s’arrête jamais de photographier. Ce jour-là, vous ne le connaissez pas, vous ne l’avez pas encore remarqué qu’il vous photographie déjà depuis un moment, avec ceux qui vous entourent. Lorsque, entre deux grappes d’images qu’il saisit sans en avoir l’air – le bras en l’air, l’oeil vérifiant rapidement l’écran – vous surprenez son regard, il bredouille quelques mots et vous fixe en souriant. Comme si ce sourire énigmatique, mi-poli miespiègle, était la meilleure réponse à la question “pourquoi photographier ?“
Se fondre dans son environnement pour mieux le capter. Le principe est celui de la street photography. Aller chercher, si possible tout près, à ordonner dans le cadre ce que le hasard vous met sous le nez. Chez Tom Wood, à la différence d’autres, l’approche ne s’embarrasse pas d’économie de déclenchement : la bonne image surgit du multiple. Pas seulement pour pallier les aléas mais aussi pour s’oublier soi-même : “La seule manière de prendre de bonnes photos, dit-il, c’est de perdre conscience de ce que l’on fait, de s’oublier“.
Cette soif d’images, New Brighton et le Merseyside (Liverpool) s’en souviennent tant, à partir de 1978, Tom Wood en a arpenté les rues, épuisé les lignes de bus ou fermé les pubs les samedi soirs, en quête de la moindre étrangeté. En noir et blanc, mais aussi en couleur dont il s’avère très tôt, comme Martin Paar, l’un des plus fervents convertis. Il amasse de cette observation assidue un impressionnant corpus de scènes de genres du monde contemporain, de natures mortes ou de personnages isolés dans leur intimité sur fond de jungle urbaine de l’Angleterre thatchérienne, puis fin de siècle. Il gagne un surnom, forgé auprès des gosses de la rue : “Photieman“. Le type à l’appareil.
Yggdrassil, 2008 © Tom Wood courtesy galerie Sit Down
Cet environnement suscite un formalisme inédit, obtenu à l’aide d’un vieil appareil panoramique argentique “Noblex“ qu’il utilisait jusqu’alors occasionnellement. Le paysage se tord, s’étire. Les arbres majestueux y déploient leurs branches interminables sous lesquelles, comme des vestiges archéologiques, dorment des engins agricoles, les intérieurs des fermes semblent de guingois. Seuls les moutons paraissent indifférents. Parfois, sous l’effet de quelque illusion d’optique offerte par le paysage, l’espace semble se resserrer à la manière d’un objectif “fisheye“. L’oeil du photographe. Comme pour rappeler que quelque soit l’environnement où ils évoluent, Tom Wood et sa curiosité restent à l’affut."
Amaury Chardeau