©Atelier photographique, Archives départementales des Bouches-du-Rhône / Conseil départemental 13 – Tous droits réservés
Expositions du 16/09/15 au 23/01/16 Terminé
Centre aixois des archives départementales 25 Allée de Philadelphie F-13100 Aix-en-Provence France
Bibliothèque départementale Gaston Defferre France
Exposition présentée sur les deux sites des Archives départementales des Bouches-du-Rhône à Marseille et à Aix-en-Provence.Centre aixois des archives départementales 25 Allée de Philadelphie F-13100 Aix-en-Provence France
Bibliothèque départementale Gaston Defferre France
Commissariat : Mathieu Pernot
Les fonds des Archives départementales, issus pour l’essentiel des versements de dossiers administratifs produits par les administrations et services publics présents sur le territoire du département, recèlent de nombreuses photographies, totalement ignorées et méconnues. Ces images ont une utilité, une fonction et un usage qui prédéterminent leur existence même : la photographie fait partie d'un dossier dont elle constitue l'une des pièces. Ainsi, elle permet de mettre un visage sur une personne recherchée, d'inventorier les rues d'un quartier promis à la démolition ou de reconstituer la scène d'un crime. Elle est légendée, annotée et contrecollée sur un support sans lequel elle ne serait plus signifiante. Ce qui figure autour de la photographie compte autant que l'image elle-même.
Toutefois, au-delà de cette fonction de constat, ces pièces peuvent aussi être réexaminées, plusieurs décennies après, et « revisitées » pour s’offrir au regard du citoyen du XXIème siècle. Le photographe Mathieu Pernot a donc été sollicité pour appréhender ces fonds divers et proposer sa vision de ces documents, à travers différents parcours thématiques.
Afin de conserver leur originalité, le choix a été fait de ne pas procéder à des retirages, des agrandissements ou tout autre geste qui dénature l'objet photographique de sa condition de document d'archives. Les documents sont exposés dans l'état dans lequel ils sont conservés.
MARSEILLE (du 18/09/15 au 23/01/15)
Les images exposées à Marseille proviennent de fonds différents (cabinet du préfet, sûreté générale, office régional de placements, affaires scolaires, fonds privés, etc.). Elles dressent un portrait protéiforme d'une ville portuaire méditerranéenne et interrogent un registre large de la pratique photographique documentaire. Cinq grands ensembles vont structurer l'accrochage :
La figure de l'individu : qu'il s’agisse d’une personne immigrée, surveillée, suspectée ou recherchée par sa famille, la figure de l'individu est récurrente dans les fonds d'archives. Ici la photographie consiste bien souvent en un portrait d'identité accroché dans un coin de la fiche qui le décrit. L'image se résume à un visage cerné par des écritures.
Le groupe : photographies de classe, orphelins de la guerre, ouvriers travaillant à l'usine, syndicalistes défilant sous les yeux des services des renseignements généraux, etc. L'image du groupe répond à des règles établies, liées à la nature de son activité.
La ville en transformation : les Archives départementales possèdent des fonds remarquables sur la ville de Marseille montrant à la fois la cité ancienne avant les transformations ainsi que les travaux importants qui ont transformé la ville (reportage d’Adolphe Terris sur le percement de la rue Impériale par exemple). Ces images renvoient bien souvent à des oeuvres connues de l'histoire de la photographie.
Le port : figure incontournable, le port est un lieu qui semble concentrer l'ensemble des enjeux et des thématiques cités ci-dessus. Il constitue une frontière, une limite, l'arrivée autant que le départ.
L’horizon : des ensembles de vues aériennes et lignes d'horizon marqueront la fin de l'exposition. Cette fois, les images sont très peu légendées et tendent vers une forme d'abstraction. Les photographies semblent s'échapper de leur fonction documentaire et informative au profit d'une vision simplement poétique et plastique.
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AIX-EN-PROVENCE (du 16/09/15 au 30/10/15)
Le centre aixois des Archives départementales conserve le fonds de la cour d'assise d’Aix-en-Provence, dont le ressort couvre les départements des Alpes-de-Haute-Provence, des Alpes-Maritimes, des Bouches-du-Rhône et du Var. Les dossiers relatent aussi bien les grands faits divers de la région que les affaires les plus anonymes. Bien que peu importante par rapport aux écrits conservés dans les dossiers, la photographie est présente de façon régulière dans l'ensemble des affaires instruites au XXe siècle. Si la pratique de ce médium a évolué au cours du siècle, on retrouve des éléments iconographiques récurrents dans la photographie judiciaire. Parmi les plus courants, on peut citer les images des lieux du crime, les reconstitutions, les relevés d'empreintes et de taches, les reproductions des armes, etc. À une représentation factuelle et historique du fait divers, Mathieu Pernot a fait le choix de privilégier une approche formelle et iconographique. Il ne sera donc pas question ici de raconter une affaire en particulier mais plutôt de questionner une pratique du médium photographique par l'instruction judiciaire et de voir en quoi celle-ci peut ouvrir sur un autre imaginaire. En ne donnant jamais à voir l'image dramatique des corps des victimes, Mathieu Pernot vide le dossier de sa dimension tragique pour nous donner la possibilité de voir autre chose. Il serait alors possible de faire une histoire de la voiture, des couloirs, du paysage, des pistolets, à partir de ce fonds dont la fonction première est pourtant bien différente.
Ces images peuvent également nous rappeler d'autres pratiques du médium photographique comme celle du roman-photo avec des photos de reconstitutions légendées ou celle de la photographie plasticienne avec des photographies de balles et de cartouches.
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MATHIEU PERNOT
Né en 1970 à Fréjus, il suit des études de génie civil, puis entre à l’École nationale de la photographie d’Arles, dont il sort diplômé en 1996. Il commence son travail d’auteur qui sera rapidement exposé en 1997 au Centre national de la photographie de Paris et aux Rencontres internationales de la photographie d’Arles. Il continue de développer son travail personnel et enseigne la photographie en école d’art. Élaborée en séries, sur plusieurs années, dans le temps et la rigueur, son oeuvre photographique fait de lui un des meilleurs documentaristes français actuels, au service de questionnements à la fois sociaux et théoriques.
Lauréat à plusieurs reprises de prix et de bourses récompensant et soutenant son travail photographique depuis 1998, Mathieu Pernot a reçu le Prix Nadar pour L'asile des photographies en 2013 et le Prix Niepce en 2014.
Par son approche photographique de domaines différents, Mathieu Pernot est présent dans les collections publiques de musées d’histoire comme de fonds d’art contemporain ou de centres de la photographie en France, en Suisse, en Espagne ou au Japon.
Il monte des expositions personnelles et participe à des expositions collectives chaque année depuis 1997 en France, en Europe, au Brésil et au Japon.
Les Archives départementales l’ont reçu en 2001 pour l’exposition Un camp pour les Tziganes.