Durant les trois dernières décennies, la faim a changé de visage et Action contre la faim en a été le témoin sur le terrain. Aujourd’hui et pour la première fois de son histoire, la majorité de l’humanit vit en milieu urbain. Banlieues sans fin, bidonvilles, fractures sociales aggravées, inégalités géographiques et politiques croissantes : une des plus flagrantes mutations des visages de la faim est liée à la question-urbaine. Car, en univers urbain, la faim est moins visible, mais tout aussi réelle. Misère urbaine : la faim cachée (à paraître le 25 mai 2006 /Éditions Au diable vauvert) propose les images de ces pays où la famine en zone urbaine est un fléau larvé, dissimulé, implacable qu’ont réalisé cinq femmes photographes de l’Agence VU’ : Isabelle Eshraghi (Mongolie), Brigite Grignet (Palestine), Jane Evelyn Atwood (Haïti), Laurence Leblanc (Sierra Leone) et Claudine Doury (Argentine), cinq regards de femmes, parce que ce sont les femmes, les mères, qui sont quotidiennement confrontées à l’épreuve de la survie pour nourrir familles et enfants. Jean-Christophe Ruffin (Président d’ACF), Roland Castro et Jacques Attali, tous trois engagés aux côtés de l’association Action contre la Faim, donnent à comprendre, explicitent ou mettent en mots l’émotion de leurs images. “La faim cachée” par Jean-Christophe Rufin (extrait) Avec la fin de la guerre froide, les conflits nouveaux touchent maintenant les villes. Kaboul, Monrovia, Bagdad, Sarajevo, Abidjan ou Port-au-Prince sont les nouveaux théâtres de la violence. Cette entrée de la guerre dans les villes est un phénomène nouveau, souvent passé inaperçu. On assiste à un passage massif de la misère des campagnes à la misère des villes. “La faim cachée” par Roland Castro (extrait) Les photographies proposées par ces femmes-photographes qui ont sillonneé l’Afrique, Haïti, Buenos Aires, Naplouse ou la Mongolie montrent un amas de misère certes, mais qui n’empêchent pas de penser qu’il y a plus de solutions en ville qu’à la campagne. “La ville, l’espoir de demain” par Jacques Attali (extrait) A la campagne, il existe depuis longtemps des mécanismes de solidarité, de moins en moins efficaces. La ville, elle, n’est faite que d’un agrégat d’individus solitaires venus y tenter leur chance ; il n’y existe aucun mécanisme ancestral de solidarité et les mécanismes modernes de justice sociale mettent des siècles à y être établis. Aussi, la ville est, elle aussi, le lieu des pires désespoirs. Jane Evelyn Atwood (extrait) Gonaïves n’est peut-être pas l’endroit le plus pauvre d’Haïti, mais il est difficile de concevoir qu’il puisse en exister de pires. Cent cinquante mille personnes s’entassent dans cette ville de bord de mer, déjà pauvre avant d’être ravagée par l’ouragan Jeanne. Claudine Doury (extrait) Melissa vit à Moreno, un quartier situé en périphérie de Buenos Aires. Elle a vingt ans. Quelques jours par semaine, elle se rend à la capitale dans une école d’art (...). Isabelle Eshraghi (extrait) “Les bidonvilles sont à perte de vue tout autour de la capitale. Je pense aux touristes qui ne font que traverser en 4x4 ces espaces de misères pour aller plus loin dans le désert de Gobi. Mon chemin s’arrête ici dans la banlieue d’Oulan Bator.(...). Brigitte Grignet (extrait) “Chaque famille a ses histoires : une maison détruite pas un bulldozer, une personne blessée, une autre tuée, un fils en prison. Des factures d’électricité et de téléphone, les loyers, souvent n’ont pas été payés depuis 5 ans. Malgré cela, la volonté d’essayer de vivre normalement.(...). Laurence Leblanc (extrait) “C’est une ville "souricière" bien vivante qui essaye de survivre entre l’océan et la montagne. La vie est un combat face aux dysfonctionnements de la société et à l’absence de l’état. Que peut faire un pays qui mange, se lave, aime dans ses poubelles ?(...). Sortie : 25 mai 2006 - Broché 19,5 x 25 cm - 29 e