Toshio Shibata Night Photographs Night Photographs N-192, Moriya Service Area, Joban Expressway, 1986
Expositions du 12/9/2015 au 31/10/2015 Terminé
Polka Galerie 12, rue Saint-Gilles 75003 Paris France
Toshio ShibataPolka Galerie 12, rue Saint-Gilles 75003 Paris France
Night Photographs
La galerie Polka est heureuse de présenter la nouvelle exposition de Toshio Shibata Night Photographs.
Cet artiste japonais de la génération d’après-guerre mène depuis de nombreuses années un travail autour du paysage. Il est notamment connu pour ses photographies d’infrastructures monumentales, déjà exposées en septembre 2013 à la galerie Polka lors de l’exposition The Abstraction of Space.
Toshio Shibata - Night Photographs N-067, Hanamizu, Hiratsuka City, Kanagawa prefecture (Restaurant Cedre) 1982
43,2 x 55,9 cm, tirage pigmentaire sur papier Hahnemühle, édition de 15
101,6 x 127 cm, tirage pigmentaire sur papier Hahnemühle, édition de 5
La réalisation de la série Night Photos occupe une place particulière dans la production de l’artiste. Ces photographies, prises exclusivement de nuit dans les années 80, révélées au public aujourd’hui, sont des images en noir et blanc quand son travail actuel est en couleur. Le retour que l’artiste opère ainsi sur lui-même à travers ces archives, ce choix du noir et blanc qui dramatise la démarche et la dimension nocturne qui affecte le tout d’une certaine étrangeté donnent à cet ensemble, sans que l’auteur apparaisse, une empreinte autobiographique. […]
C’est une plongée intérieure qui conduit le photographe aux sources de son oeuvre, dans « sa » nuit primitive. « Vers la fin des années 70, explique Toshio Shibata, se calmèrent enfin les turbulences qui agitaient le Japon d’après-guerre. Je revins alors de quatre ans d’études en Flandre, dans une Europe où le temps s’écoulait lentement. Avec l’occidentalisation, avec le chaos dans lequel se mêlaient les marques de l’ancien Showa [avant-guerre] et celles du moderne [des années 50 jusqu’en 1989], Tokyo me paraissait dans un tel désordre qu’il m’était impossible d’en capter une réalité visuelle. Moi qui me battais pour créer une oeuvre qui me soit propre, dans mon pays, je me mis alors à partir en chasse des lumières de la nuit. C’était une manière d’échapper au fracas des jours. »
Shibata a alors identifié « son » sujet : l’autoroute. Car cet espace a un caractère d’universalité qui le rend indifférent au fait d’être en Europe, en Amérique ou au Japon. Caractéristique intéressante pour qui veut situer ces paysages travaillés par l’humain dans une modernité sans âge et sans territoire. Si la route est le sujet privilégié de la photographie au XXe siècle, c’est qu’une civilisation de la mobilité est née, engendrant tout un monde : stations-service, architectures, aires d’autoroute, parkings, échangeurs, etc. […]
Dans ce pays qui a fait, à travers l’écrivain Junichiro Tanizaki, l’« éloge de l’ombre », Shibata célèbre la lumière. Il joue de tous les états de la lueur pour modeler son monde. Avec un incroyable vocabulaire de lumière saisie: trait, tracé, découpe, matière, milieu, volume, halo, nimbe... Les Night Photos de Shibata oscillent ainsi entre description de la nuit comme elle va et tentation d’une narration énigmatique.
Il préfère l’improvisation à la narration construite. Il compose mais sans destination et sans but. Dans un lent panoramique horizontal, glissant derrière une vitre de voiture, il passe du bâti – intérieur, extérieur nuit – à la nature ou aux choses – voitures, camions à l’arrêt... Et des choses aux signes.
Dans ce Japon qui fut « empire des signes », s’insinuent donc idéogrammes, pictogrammes de toilettes ou enseigne de restaurant. Il y a beaucoup de vide dans ses images. Parce que les lieux le sont, ou qu’ils sont saisis de loin, à la chambre, laissant le vide primordial de la nuit encercler les choses. Cette attention particulière au vide enrichit le travail du photographe d’une dimension philosophique.
Thierry Grillet, directeur de la diffusion culturelle à la BnF
(retrouvez l’intégralité de son texte dans Polka Magazine #31)
avec la précieuse collaboration des Encadrements Flamant
Tiane Doan na Champassak
Sunless
La galerie Polka est heureuse d’annoncer la représentation de Tiane Doan na Champassak et l’exposition de sa nouvelle série, Sunless. Blanc, bleu et rouge, les tirages cibachromes de Tiane Doan na Champassak sont aux couleurs du drapeau thaïlandais. Sur papier glacé se dessinent de délicates silhouettes aux formes émouvantes et ambigües, photographiées à l’aveugle à l’aide d’un flash puissant. La beauté ainsi mise en lumière n’a pas de sexe.
Médium ambivalent par excellence, la photographie se prête avec aisance aux questionnements liés à l’identité sexuelle. A travers Sunless, l’artiste interroge ce que la société considère aujourd’hui comme l’archétype féminin et masculin, et la validité de la notion de norme en matière de sexualité.
Tiane Doan na Champassak - Sunless 17, 2012-2013
50 x 40 cm, tirage cibachrome sur papier Ilfochrome réalisé par Roland Dufau, édition de 5
Si l’homosexualité est de plus en plus représentée sur la scène artistique contemporaine, les œuvres traitant de la bisexualité et du transgendérisme restent à la marge, souvent jugées dérangeantes ou simplement effrayantes. Tiane Doan na Champassak aborde ce thème sensible avec élégance et sobriété.
Soucieux d’adapter le support aux images, il propose d’éclatants nus tirés sur papier Ilfochrome réalisés, par Roland Dufau. Ces corps contrastent avec les vues urbaines abstraites tirées en Piezography (noir et blanc) sur papier métallisé. Le photographe pose ainsi un décor fantasmatique dans lequel évoluent ses sylphides.
Toutes les images ont été réalisées en Thaïlande entre 2012 et 2013 et constituent la deuxième partie d’un travail initié avec la série Spleen and Ideal (2010-2011).
Artiste français d’origine asiatique, Tiane Doan na Champassak (1973) a fait des débuts remarqués dans la photographie documentaire. Mais il bascule rapidement dans un univers artistique où l’être humain apparaît dans toute sa complexité. Poussant son travail sur le corps jusqu’à l’abstraction, fasciné par les manifestations de la foi, les effets de la censure et les troubles de l’identité sexuelle, Tiane Doan na Champassak n’a de cesse d’explorer maints aspects de la créativité humaine, cherchant toujours le moyen technique et la forme la plus appropriée pour révéler une sensibilité spirituelle et définitivement plasticienne.
Tiane Doan na Champassak explore également les liens entre sa propre production photographique et des images anonymes sur Internet, des recueils personnels et des coupures de presse.
Un livre intitulé Sunless vient de paraître aux éditions du Lic.