© Caio Reisewitz
Maison Européenne de la Photographie 5, 7 Rue de Fourcy 75004 Paris France
MANIFESTE
Du 09.09 au 31.10.15
LANVIN03
Backstage Défilé Lanvin Hiver 2012.
Les 10 ans
Photographie © But Sou Lai
Orchestrée par Alber Elbaz avec l’aide de ses équipes, cette exposition plonge le visiteur dans l’intimité des essayages, l’émotion des défilés Lanvin et la beauté des créations. Une première dans l’histoire de la plus ancienne maison de couture parisienne toujours en activité. Cinq salles pensées comme des ambiances mettent en lumière le travail du créateur, non comme un monologue, mais dans un dialogue continu entre mode et photographie. Plus de 350 clichés signés des photographes But Sou Lai, Mark Leibowitz, Katy Reiss, James Bort, Juliette Da Cunha et Alex Koo retranscrivent la passion du vêtement. Une installation vidéo rythmée par la voix du créateur et animée par trois projections à partir d’images backstage, réalisées par Jean-Christophe Moine, et de défilés, captées par Séraphin Ducellier, complète cette scénographie.
Il s’agit d’une exposition introspective, et non rétrospective, pour tenter une immersion dans la machine à rêves d’Alber Elbaz pour Lanvin. Construite comme une installation artistique, elle n’apporte pas de lecture définitive, laissant le visiteur libre d’atténuer son esprit pour ouvrir son cœur. Une invitation à regarder, écouter et parler, pour paraphraser la première citation du couturier. Serait-ce donc son manifeste ?
Charles-Henry Paradis
JEAN-PIERRE LAFFONT
TUMULTUEUSE AMÉRIQUE
Du 09.09 au 31.10.15
Savage Skulls Group walking on sidewalk. Bronx, New York City, NY - July 20, 1972
© Jean-Pierre Laffont, 2015. Exhibition at Maison Européenne de la Photographie.
L’amérique comme je l’ai vécue
« Je suis né français en Algérie, j’ai grandi au Maroc et poursuivi des études de photographie en Suisse, avant de travailler comme photographe de stars à Paris. Mais ce que je voulais vraiment, c’était être photojournaliste et les États-Unis me fascinaient. À partir de 1965, et pendant plus de trente ans, j’ai sillonné les États-Unis pour documenter autant de sujets que possible sur la société américaine et capturer l’esprit de cette époque.
Dans les années 1960, New York était une ville sale et dangereuse. J’ai fait des reportages approfondis sur la construction du World Trade Center, les gangs du Bronx et la violence de la 42e Rue. Ces années symbolisaient la liberté d’expression et c’était excitant d’être jeune. Le pays traversait de profonds changements et il semblait que tout le monde était dans la rue en train de protester. J’ai photographié la génération sex, drugs and rock n’roll, les hippies, la naissance du mouvement de libération des femmes et les astronautes d’Apollo XI revenant de la lune. C’était une période exaltante sur laquelle, cependant, planait l’ombre des crimes de la prison de Cummins Farm, les conditions inacceptables de la
vie carcérale et l’utilisation de la chaise électrique. Il y aura également les assassinats de Martin Luther King et de Robert Kennedy. Dans les années 1970, le rêve américain semblait se désintégrer. La Statue de la Liberté fut prise en otage par des opposants à la guerre du Vietnam. Le New York Times publia les Documents du Pentagone qui révélèrent une décennie de mensonges sur cette même guerre. L’affaire du Watergate provoqua le départ de Nixon, les Américains n’avaient plus confiance en leur gouvernement. J’ai couvert la montée du mouvement noir américain et le Ku Klux Klan. Puis l’impensable est arrivé : pendant l’embargo sur le pétrole de 1973, les États-Unis manquèrent d’essence.
Durant les années du président Carter, j’ai illustré la pauvreté dans son état, la Géorgie. L’esprit américain souffrait d’une baisse d’enthousiasme. Et pourtant la guerre du Vietnam était terminée etla jeunesse américaine allait enfin retrouver son optimisme et sa véritable expression à travers le mouvement hippie.
Dans les années 1980, les Américains étaient prêt à un renouveau.
Les baby boomers vieillissaient et voulaient tout avoir. J’ai été témoin du consumérisme à outrance et de l’exubérance des yuppies. L’ordinateur personnel était né, l’armée américaine autorisa finalement les femmes à la servir, la Statue de La Liberté subit un ravalement. Le président Reagan annonçait la promesse “d’une Amérique comme une cité brillante au sommet d’une montagne” et déclara que “le futur sera nôtre”. Alors que la cupidité nourrissait l’illusion d’un succès national, mes photos témoignaient aussi du déclin de l’industrie automobile et des fermes familiales, du sort des pauvres, des sans- abris, des vieux et des isolés sociaux. Difficile pour moi de voir que le pays allait mieux.
Lorsque je regarde, une à une, ces photos prises pendant ce quart de siècle, elles semblent au premier abord décrire un état de chaos, émeutes, protestations, désintégration et conflit. Mais prises dans leur ensemble, ces images montrent la naissance houleuse, parfois douloureuse, de l’Amérique du XXIe siècle — une nation où un président noir, des mariages homosexuels et des femmes chefs d’entreprises sont la norme plutôt que l’exception. Elles accomplissent ce que les photos font de mieux, figeant dans le temps des moments décisifs pour un examen futur. Elles forment un portrait personnel et historique d’un pays que j’ai toujours observé de manière critique, mais avec affection, et pour lequel j’ai une énorme reconnaissance. »
Jean-Pierre Laffont
CAIO REISEWITZ
DISORDER
Du 09.09 au 31.10.15
© Caio Reisewitz
Caio Reisewitz considère que son travail s’inscrit moins dans la tradition photographique brésilienne que dans le contexte de l’art moderne, par exemple l’œuvre de Tarsila do Amaral. De nombreux artistes brésiliens jouent un rôle à cet égard, notamment ceux qui vivent sous le régime militaire au pouvoir au Brésil entre 1964 et 1985. Pendant cette dictature, le gouvernement s’oppose à l’expression artistique, mais des artistes comme Cildo Mereiles produisent néanmoins des œuvres sophistiquées d’avant-garde. L’art de ce dernier critique le régime et le manque de liberté de parole qui prévaut alors, mais à première vue cette critique est invisible au spectateur non averti. Le vrai sens n’apparaît qu’en deuxième lecture, à ceux qui possèdent un certain discernement, à travers des métaphores picturales qui confèrent une valeur inédite aux œuvres.
Il semble y avoir un lien entre le côté ‘faux-semblant’ de l’art moderne brésilien et l’engagement social qui sous-tend les photos de Caio Reisewitz. Si aucun régime militaire ne fait directement obstacle à sa pratique, cette menace est remplacée par une autre: celle des dilemmes socio-économiques et écologiques qui sévissent dans son pays et qui constituent un danger non moins totalitaire. Le commentaire de Reisewitz par rapport à ces dilemmes est en partie direct : il prend la forme de photographies documentaires monumentales dans la tradition de l’École de Düsseldorf, à l’instar de photographes tels que Andreas Gursky, Candida Höfer et Thomas Struth, avec qui il a collaboré pour la Biennale de São Paolo. D’autre part, son message est porté par des constructions visuelles complexes, des collages qui ne nous livrent leur vérité qu’en deuxième approche, dans la tradition des artistes brésiliens avec qui il ressent la plus grande affinité. À cet égard, l’œuvre de Caio Reisewitz est aussi internationale de par sa monumentalité idiomatique qu’elle est éminemment brésilienne de par son avant-gardisme. »
Nanda van den Berg Directrice, Huis Marseille Museum voor Fotografie
PIERRE REIMER
Du 09.09 au 31.10.15
Sans titre (slip), 1998 © Pierre Reimer
Si les photographies de Pierre Reimer vous semblent quelque peu perturbantes, c’est qu’elles ont été prises à votre endroit, et qu’elles en ont profité pour vous voler votre place. Une fois installées chez vous, elles vous dépossèdent consciencieusement de toute velléité d’emprise. La photographie n’est plus cet animal domestique propre à reconnaître son maître et lui ramener le bâton du sens.
Le petit oiseau sent le fauve, une chimère qui malaxe le fond et la forme. La photographie retourne à l’état de nature (brousse, terrain vague). Elle se replie sur elle-même pour former une sphère ou une particule d’un âge indéfini : une chose. Au lieu d’être décomposable en éléments reconnaissables par son visiteur, elle décide de se recomposer une figure et pointe un masque narquois. Puis elle se met à bouger, mais de l’extérieur. Elle sort de ses gonds, produit des mouvements aberrants, accroche à elle des objets, joujoux, petits articles ne pouvant servir à rien. Enfin, et c’est peut-être le pire, elle s’invite dans nos paysages réels, les assiège et y proclame les lois inhumaines d’un œil sans corps, qui peut aller n’importe où et ranger à la diable. Au fin du fin, la photographie se fait écran total. Même s’il parait douteux qu’un puisse en être l’auteur, Pierre Reimer reste le responsable de ces objets aux intentions improbes présentés à la Maison Européenne de la Photographie du 2 septembre au 31 octobre 2015. Une autre exposition, non sans lien, est prévue à l’automne à la Galerie du Jour Agnès b.
Pierre Eugène
JOHN EDWARD HEATON
GUATEMALA
Du 09.09 au 31.10.15
El Niño Bailador / Child Dancer / L’Enfant Danseur,
Festivités du Rabinal Achi, Rabinal, Alta Verapaz, Guatemala, 2013
© John Edward Heaton
Photographe, artiste, entrepreneur culturel, voyageur passioné et anthropologue visuel, John Edward Heaton, né à Paris en 1951, vit entre le Guatemala, le Mexique, les États-Unis et Paris depuis plus de 35 ans. Ses archives comprennent plus de 100 000 images et 400 heures de films, relatifs à l’anthropologie visuelle, les coutumes, les traditions et l’architecture vernaculaire des peuples autochtones à travers le monde, mêlant également photographie de rue, clins d’œil insolites, paysages et lumière.
Cette exposition présente une quarantaine de prises de vue en noir et blanc – principalement des portraits – dans lesquelles John Edward Heaton rend hommage au Guatemala, son pays d’adoption : « Il y a peu d’endroits qui dégagent autant de beauté et de difformité, qui sont si pleins de vie et de mort, c’est de l’art !... paysages éblouissants, cultures ancestrales et contradictions éternelles : un réalisme magique. »
STÉPHANE GIZARD
LIKE ME
Du 09.09 au 31.10.15
© Stéphane Gizard
« LIKE ME propose une approche polyphonique de la notion de portrait,
et invite malicieusement à une grande plasticité d’interprétation
de ce genre photographique canonique. Bras scarifié, dos tatoué,
corps morcelé, silhouettes sans visage, têtes sans figure composent ainsi le premier volet d’un parcours en deux temps qui se poursuit avec une série de photographies en diptyque confrontant le regard
des modèles sur eux-mêmes avec celui que le photographe porte sur eux. D’un côté (partie gauche du diptyque), le sujet photographié
est à la manœuvre, il compose son image, ajuste sa posture et son expression, face à un iPad en mode “autoportrait”, avant d’inviter Stéphane Gizard à enclencher les prises de vues selon des directives imposées à l’artiste. De l’autre côté (partie droite du diptyque), le photographe dirige le sujet et réalise le cliché, retrouvant ainsi
ses prérogatives. Ces duos de portraits jouent ainsi une partition toute en nuances, parfois subtiles, parfois manifestes et donne l’occasion à Stéphane Gizard d’interroger les processus de composition qui définissent le portrait, l’autoportrait ou le “selfie”, cet “égoportrait” associé à l’usage des smartphones. Ainsi, qu’il s’agisse de nos penchants mimétiques, de notre besoin de singularité ou bien de notre désir d’être désiré, LIKE ME interroge l’identité contemporaine, amplifiée par l’usage des réseaux sociaux ; identité fluctuante, multiple, oscillant entre narcissisme et dissolution. »
Jean-Luc Soret
Infos sur : http://www.mep-fr.org/"