© Yohann Gozard, w06_01_1 (18.03.2012 - 05h16 / 06h07) de la série Wonderpools
© Yohann Gozard, Sans titre (24.08.2011 - 00h31 / 00h36) dans le cadre de la commande Chercher la ville
Il prend à contre-pied la question de l’instant décisif par l’usage quasi-exclusif des poses longues pour proposer une approche plus contemplative de la relation de l’homme à sa perception de l’espace et du temps. Son travail explore les interdépendances contradictoires entre le vu et le perçu. Il interroge les limites de l’image dans ce qu’elle s’adresse d’abord à notre vision, à notre désir de voir et de consommer du spectaculaire, de se laisser séduire par des images évidentes et flatteuses. Il manipule notre appétence à effectuer des rapprochements formels grotesques, à la faveur de décalages de contextes et de télescopages inhabituels. Enfin, il interroge aussi la mémoire des lieux et ses traces, stricto sensu.
Cette exposition est l’occasion pour le Château d’Eau de présenter le travail d’un auteur toulousain particulièrement actif. Elle mettra en tension plusieurs images issues de séries et de résidences soulignant en cela la maturité de la démarche.
© Yohann Gozard, w01_03_3 (09.07.2006 - 23h31) de la série Wonderpools
Les nuits sans récits (Paul de Sorbier)
Lorsqu’il parle de son travail de photographie nocturne, Yohann Gozard aime rappeler que la nuit n’est pas l’absence de lumière. Elle est une temporalité à clarté incertaine, une ambiance à faible proportion de photons. Il raconte comment il parcourt la nuit, l’explore et la traverse. Alors que la vie est endormie, il peut passer des heures avant de pouvoir identifier le bon angle qui à son tour donnera lieu à de longues prises de vue permettant de contrebalancer la ténuité de la lumière. S’ouvre alors un travail d’atelier – qu’il aime aussi volontiers aborder –, de retouches, pour diriger l’image exactement vers ce qu’il souhaite. Loin de la mythologie du photographe qui se saisit d’un instant furtif du réel, il exploite le numérique pour toutes ses potentialités.
© Yohann Gozard, Sans titre (08.12.2010 - 01h27 / 01h56)
C’est donc depuis une profonde expérience dans le paysage capté et au travers d’un “chantier de pixels” que l’image est finalement devenue. Le public peut alors s’y confronter. La densité de matière qu’elle contient exprime la profondeur de la nuit, son ressenti le plus sensible. On pense au “temps qui se chique” dont parlait Cioran et on peut se figurer l’artiste, dans ces nuits de captation, une forme qui se love dans sa contre-forme. (...)