Selbstporträt in Gold - 2011/2014 © pro litteris
Expositions du 18/9/2015 au 29/11/2015 Terminé
Centre de la photographie - Genève 28 rue des Bains 1205 Geneve Suisse
Le CPG présente la première exposition institutionnelle de l’oeuvre de Manon en Suisse romande. Le public découvrira un aspect inattendu de l’oeuvre de l’artiste qui peut être considéré comme une sorte de démontage de l’image érotico-glamoureuse que nous connaissons d’elle. L’exposition, dont la majeure partie des pièces sont inédites et produites spécialement pour l’occasion, met l’accent non pas sur les représentations les plus diverses de l’artistes elle-même, mais sur l’exploration d’espaces désertés de l’humain – intérieurs et extérieurs confondus. Dans cet élan, l’artiste prend en compte l’espace d’exposition lui-même comme un espace à produire des émotions.Centre de la photographie - Genève 28 rue des Bains 1205 Geneve Suisse
Dans la première partie de l’exposition, le public découvrira pour la première fois des photographies documentaires de l’artiste, suivies par des auto-représentations où l’image de l’artiste est distordue par une esthétique frôlant le kitsch tout en mettant le spectateur mal à l’aise. Puis s’ouvre une salle avec des vues d’intérieurs délabrés, suivie par des inédits, des représentations d’objets ayant décoré le Boudoir à la couleur saumon et des polaroïds jamais exposés montrant des fragments de celui-ci. Enfin, pour clore le parcours, sera proposé dans la dernière salle la série Elektkrokardiogramm, présentée sous une nouvelle forme.
Lippen (lèvres) - 2011/2015
© pro litteris
Manon s’est déjà vue consacrer 2 expositions personnelles à Genève, dont l’une à ses débuts en 1979 à la galerie “Écart“, menée par des artistes, plus spécifiquement par John Armleder, qui l’a soutenue depuis longtemps. En 2012, suite à sa redécouverte par de jeunes artistes et historiens de l’art, Manon était invitée à l’espace Zabriskie Point au Rondpoint de Plainpalais, où elle exposa une installation consistant en un siège de gynécologie faisant face à un fauteuil design agrémenté d’une petite table avec un seau de champagne et flute en cristal, le tout portant le titre Le Voyeur.
Manon sera présente au vernissage du Centre de la photographie, le jeudi 17 septembre, ainsi que les 3, 4 et 5 septembre précédent l’ouverture.
L’artiste figurera également au programme de l’événement PerformanceProcess du Centre culturel suisse de Paris du 18 septembre au 13 décembre 2015.
Das lachsfarbene Boudoir (Le boudoir couleur saumon) - 2006
© pro litteris
MANON
Manon, lauréate en 2008 du prestigieux prix Meret Oppenheim, est considérée aujourd’hui comme la plus importante représentante de l’art de la performance en Suisse, tout en s’inscrivant dans l’avant-garde européenne du début des années 1970.
Née en 1946 à Berne, elle étudie les arts appliqués à Saint-Gall avant de s’établir à Zurich pour intégrer le conservatoire d’art dramatique. Sa production artistique polymorphe inclut des environnements, des sculptures, des performances, des installations - le tout articulé autour de la photographie qui occupe une place centrale dans son oeuvre. Profondément marquée par une conscience féministe, Manon, contrairement à ses contemporaines des années 70, ne vise ni la provocation, ni le militantisme. Son travail se situe plutôt dans une sphère fantasmagorique où luxure et jeux de rôles se mêlent en un monde onirique, parfois même cauchemardesque. Sa vie est son art et son art est sa vie : « Je ne voulais pas faire de l’art, je voulais être ma propre oeuvre d’art ! ». Une quête de beauté imprègne profondément son oeuvre, portée par la conscience que cet objet de désir ne peut tendre que vers la ruine.
Manon entre de manière fracassante dans la scène artistique de Zurich en 1974 en exhibant littéralement son « univers », le Das lachsfarbene Boudoir (Le Boudoir à la couleur saumon), à la Galerie Lily Tobler. C’est ainsi qu’elle nomme son lieu de vie et de rêve, là où elle passe le plus clair de son temps diurne et nocturne : sa chambre, son cocon, son intérieur le plus secret. C’est un espace clos par des miroirs, monté sous forme d’un multi angles, saturé d’un surprenant mélange de plumes, de fétiches, d’objets excentriques, de bibelots érotiques, de fleurs exotiques et de tissus de soie rose saumon. C’est à cette époque qu’elle apparaît à des heures fort nocturnes, telle une « fleur de nuit d’amour », vénéneuse, peut-être, mystérieuse, à coup sûr, dans les bars de la scène zurichoise où se croisent Walter Pfeiffer, Dieter Meier, Ursula Hodel, David Weiss, ou encore Urs Lüthi pour ne citer qu’eux.
Elle surgit de la pénombre, constamment fardée de la même manière au make-up pâle, toute de noir vêtue et cachée derrière ses lunettes de soleil, comme nous la découvrirons plus tard sur ses propres photographies – voire à la façon des « superstars» de la « Factory », mais sans avoir attendu qu’Andy Warhol ne l’anoblisse. Elle s’est forgé sa propre image de Diva inaccessible et c’est par son image qu’elle s’impose en tant qu’artiste et qu’elle protège sa sensibilité à fleur de peau.
Polaroïds - 1974/2015 (inédits)
© pro litteris
Dans les années 70 et dans le sillage de la sociologie la plus contemporaine, on peut citer d’autres exemples d’(auto-)portraits d’artistes considérant leur propre corps et leur apparence comme matériau artistique, tels que Katherina Sieverding, Michel Journiac ou Jürgen Klauke. Si Manon dévoile en 1974 son « propre » intérieur, des artistes masculins à la même époque montrent les extérieurs, c’est à dire leurs vêtements ou ceux de quelqu’un d’autre, tels Urs Lüthi dans l’exposition Visualisierte Denkprozesse (1970) au Kunstmuseum Lucerne, Christian Boltanski avec l’Inventaire des objets appartenant à un habitant d’Oxford (1973) ou encore Hans- Peter Feldmann avec Alle Kleider einer Frau (1974).