L’écurie - 2015 © John Stewart
Expositions du 5/9/2015 au 26/9/2015 Terminé
Anne Clergue galerie 12 Plan de la Cour 13200 Arles France
Anne Clergue Galerie est ravie de présenter une nouvelle exposition du photographe John Stewart. A 96 ans, l’artiste revient sur un de ses thèmes iconographiques de prédilection, le drapé. Lors d’une ex - position précédente à la galerie, en septembre 2014, le photographe offrait au public arlésien ses « Véroniques », un sujet majeur de l’histoire de l’art, touchant à la fois le geste religieux de Véronique essuyant le visage du Christ et le geste traditionnel sacré du « torero » résumé en une passe artistique visant à offrir au taureau une sortie remarquée. Geste synonyme de multiples significations, cette passe fondamentale du travail de cape peut se décliner en de très nombreuses variantes.Anne Clergue galerie 12 Plan de la Cour 13200 Arles France
Cape et roses blanches - 2015
© John Stewart
C’est sous ce regard multiple que John Stewart a décidé de formuler un nouveau projet artistique. Devant le résultat, le coup de cœur pour ces compositions photographiques fut immédiat : comment imaginer et traiter d’un sujet tau - romachique dans sa quintessence la plus refoulée ? Un questionnement inédit qui invite le public à se laisser attendrir devant la délicatesse inouïe de ses images évoluant comme des scènes romantiques. Des capes de travail de « toreros » sont misent en scène dans un cadre idyllique, le Mas de la Bélugue.
Situé dans un coin sauvage en basse Camargue, ce lieu constitue depuis sept géné - rations, un haut lieu de l’élevage traditionnel de taureaux sauvages et de chevaux en liberté. La famille Yonnet, propriétaire de l’élevage, figure en pionnier dans le croise - ment de taureaux de combat d’origine espagnole et de taureaux de race Camargue.
Défilé au Mas de la Bélugue, prend donc place dans cet environnement propice à la création artistique. Les capes des toreros évoluent sur plusieurs « tableaux », tel un théâtre naturaliste. Disposées au bord d’un étang, dans une écurie, devant la façade d’un bâtiment en pierre de Fontvieille, dans la salle des trophées ou encore dans une cour ouverte, la majesté des capes brodées d’or se dévoile et révèle leur singularité propre. A travers ce défilé sans hommes, on sera tour à tour frappé par la force qui se dégage de ces images et qui, para - doxalement, nous éloigne du langage cru de la tauromachie pour nous rapprocher davantage vers un mode d’expression plus apaisé et plus méditatif. Nous sommes face à la présence visible d’une temporalité exaltée, où l’absence de la figure du « torero » ne vient aucunement perturber la vision de cette immobilité. Fixité pourtant nuancée par le mouvement in - lassable de la Véronique que nous faisons mentalement par procuration. Le traitement photographique quasi-statuaire de ces capes nous permet de « voir » littéralement la tempo - ralité, là où d’habitude elle passe presque inaperçue. Cette prouesse permet de nous projeter au moment fatidique ; juste avant la pose délicate de la cape, c’est-à-dire l’instant où est visible le travail du « torero ». Défilé à la Bélugue ou quand l’histoire est mise au repos, ne serait-ce qu’un temps... Disparition de la figure humaine et résurgence indispensable du torero. Tel est le pouvoir paradoxal de la photographie que met en lumière ici John Stewart. L’absence suggérant encore plus fortement la présence induit le public à une recherche de sens ultime, à une quête de symbiose parfaite entre univers tauroma - chique et poésie du lieu.
Le fer de la manade Yonnet - 2015
© John Stewart
En choisissant la couleur, le contraste est saisissant et rajoute à cette note poétique de la composition, qui n’est pas sans rappeler les natures mortes de l’artiste. Les tons foncés cohabitent parfaitement, à notre étonnement, avec les tons pastel des capes. Parti pris osé pour cet adepte du noir et blanc ! Montées sur aluminium et encadrées dans des caisses américaines, ces photographies correspondent à un moment clé de la carrière de John Stewart de part ce nouveau traitement de la tauromachie jusque-là jamais vu. Jeunesse, fraicheur, pureté, esthétisme porté à son paroxysme ... sont les mots et expressions qui ressortent lorsque l’on contemple à la fois l’œuvre et l’artiste. Cette capacité de renouvellement dans la création nous invite donc à regarder cette exposition sous un angle particulier, car à travers ce défilé silencieux et solennel, c’est une histoire émouvante que nous raconte l’artiste. A 96 ans, John Stewart n’a pas fini de nous surprendre et de nous captiver par sa sensibilité à fleur de peau !