Omer Fast, Continuity, 2012. Omer Fast Video HD, couleur, son, 40 min. Courtesy gb Agency, Paris, et Arratia Beer, Berlin. © Omer Fast
Expositions du 20/10/2015 au 24/1/2016 Terminé
Jeu de Paume 1 Place de la Concorde 75008 Paris France
Après avoir participé à Document 13 ainsi qu'à de nombreuses biennales et expositions collectives ou personnelles, le Jeu de Paume organise une exposition monographique de l'artiste. Basé essentiellement sur l'image en mouvement, le travail d'Omer Fast explore la complexité de la narration à travers une pratique qui trouble les frontières entre le «réel» et la «représentation». Si l'origine de ses histoires est souvent documentaire, leur construction s'affranchit cepedant d'une démarche naturaliste et résiste à toute conclusion ou révélation d'une «vérité» ultime du récit. Omer Fast s'intéresse à la façon dont les événements sont transformés en mémoires et histoires mais aussi à leurs modes de circulation et de médiatisation. Ainsi, l'artiste interroge les politiques de représentation , faisant suite aux projets qui, au sein de la programmation du Jeu de Paume, ont proposé de nouvelles formes narratives dans le champ de la vidéo et de l'installation. L'exposition organisée par le Jeu de Paume présente trois installations vidéos dont 5000 feet is the best (2011) avec de nouvelles productions spécialement conçues pour cette occasion.Jeu de Paume 1 Place de la Concorde 75008 Paris France
Omer Fast, Continuity
2012
Omer Fast
Vidéo HD, couleur, son, 40 min.
Courtesy gb Agency, Paris, et Arratia Beer, Berlin. © Omer Fast
Né à Jérusalem en 1972, Omer Fast a grandi au milieu de langues et cultures différentes. Il passe une grande partie de son adolescence aux États-Unis et déménage plus tard à Berlin, où il réside actuellement. De cette expérience personnelle de l’adaptation résulte en partie son attirance pour les questions du langage, de la transmission, la traduction et l’identité qui traversent ses installations vidéo dès ses premiers travaux dans les années 2000.
Fast est avant tout un narrateur. La manière dont il construit des histoires, qui se concrétise par une maîtrise de la forme, des modalités du récit et de l’agencement du point de vue, transcende les sujets qu’il aborde. Bien que son œuvre traite de questions politiques, géopolitiques ou historiques, c’est le mode de narration qui donne un sens à son travail. « Dans les événements presque rien ne profite à la narration, presque tout profite à l’information », constatait Walter Benjamin en 1936. Il ajoutait : « Car c’est le fait du narrateur né que de débarrasser une histoire, lorsqu’il la raconte, de toute explication. »
Ces quinze dernières années, Fast n’a cessé de raconter des histoires pour interroger le statut même de l’image. Ses installations vidéos entrelacent différents registres – réalité et fiction, original et copie, document et artifice – révélant les codes et les conventions qui définissent le « réel » au cinéma et à la télévision. En résultent un questionnement de la notion même de réalité, ainsi qu’une méfiance radicale à l’égard de l’image-document.
Omer Fast, Continuity
2012
Omer Fast
Vidéo HD, couleur, son, 40 min.
Courtesy gb Agency, Paris, et Arratia Beer, Berlin. © Omer Fast
L’œuvre d’Omer Fast joue avec la vérité objective de l’expérience, soulignant le décalage entre expérience vécue, identité et discours. L’artiste aime travailler avec le témoignage (du soldat, du refugié, de l’acteur porno, de l’embaumeur...), point de départ de nombre de ses œuvres. Il le transforme et le manipule librement grâce au montage et rend visible le travail complexe qui consiste à traduire en images les faits, tout en contestant la primauté du témoin. Il rend compte des récits potentiels que ceux-ci peuvent engendrer – des chemins ouverts à l’infini. Certaines fois, ces récits occupent simultanément un même plan. Ils peuvent rappeler alors les sentiers qui bifurquent de Borges, ou les « narrations falsifiantes » de Deleuze. Le travail de Fast nous confronte à ce paradoxe insoluble : si une histoire est le fruit – autant que l’otage – de conventions discursives, il n’en reste pas moins que, sans ces conventions, il n’y aurait ni expérience ni transmission.
Pour plus d'infos: http://www.jeudepaume.org/"