
© Giovanni Troilo - Maître Doberman et Clara la Chienne, sa femme, reçoivent des invités dans cet immeuble qui semble abandonné, dans le quartier de Marchienne au Pont.
"Problématiques contemporaines", la catégorie du World Press Photo dans laquelle Giovanni Troilo a été récompensé, n'aurait pu mieux porter son nom.
Réalisée en Belgique, à Charleroi, sa série nommée "Dark Heart of Europe" suscite aujourd'hui les polémiques. Selon le site http://www.ourageis13.com , la mairie de la ville vient de demander au World Press Photo de revenir sur ce prix qui consacrerait, selon elle, rien d'autre qu'une "mise en scène".
Le photographe italien, dont la famille a habité Charleroi au XX siècle, explique avoir trouvé dans cette bourgade belge "le reflet de ce qu’il se passe à plus grande échelle en Europe". Ses photographies dénoncent la violence sociale qui hanterait l'Europe à travers des personnages impressionnant comme "Clara la chienne" (ci-dessus) et "Philippe" (ci-dessous). Dans une lumière mystique, Giovanni Troilo semble capturer une misère humaine moderne et une tristesse ambiante.
© Giovanni Troilo -
Philippe passe la plupart de son temps dans sa jolie maison située dans un des coins les plus dangereux de Charleroi.
Il a demandé à être photographié assis
Sauf que tout cela serait faux. Après l'annonce du World Press Photo et au vu de son succès international, les Carolorégiens auraient manifesté leur colère et le maire, Paul Magnette, aurait adressé une lettre à la célèbre organisation, scandant que ces photographies étaient "tout sauf du journalisme". On pourrait soupçonner les habitants de Charleroi de refuser une partie déplaisante de leur réalité. Mais dans sa lettre, le maire ferait état de la mise en scène des photographies ainsi que de la fausseté des légendes. L'exemple probant est la photo de Philippe. Il apparaît comme solitaire et résigné, tel que le suggère la légende : "Philippe passe la plupart de son temps dans sa jolie maison (...) Il a demandé à être photographié assis". Paul Magnette révèle qu'il s'agit en réalité d'une " personnalité en vue" qui habite dans sa maison "également un bar à vin."
La "problématique contemporaine" ne serait dès lors plus celle de la dite misère sociale carolorégienne mais celle du détournement de l'image. Le World Press Photo récompense des "photos de presse" qui veulent attester d'une réalité. En réduisant Charleroi, mais aussi toute l'Europe, à ces clichés orientés, Giovanni Troilo serait dans une subjectivité pure allant jusqu'à déformer l'information.
World Press Photo s'est engagé à répondre au maire de Charleroi après concertation avec le photographe. A suivre...
© Giovanni Troilo
À Charleroi le nouveau bâtiment de la police est aussi le plus élevé. Il atteint les 75m de haut. Il a été inauguré cet été. C’est un véritable phare de la justice, avec une lumière clignotante qui émane de son sommet. Presque toutes les nuits, les hélicoptères surveillent la vie nocturne de la ville.
Source :http://www.ourageis13.com