© Marine Lanier - Montélimar (2013)
« La majorité des photographies ont été réalisées dans la Drôme, soulignant la place que prennent ces paysages dans nos vies et dans nos travaux. Nous en sommes marqués intérieurement, ils sont des échos de ce qui nous constitue. Ils nous façonnent comme nous participons à les façonner. »
Le territoire dans tous ses états : son façonnage sous l’angle typologique mais aussi ethnologique, avec ses usages et ses gestes, ainsi que son aspect mémoriel, sont le cœur de leur projet.
L’architecture et ses rythmes, la danse et les postures du corps, la littérature et la mise en image du verbe, autant de disciplines touchées du doigt par leurs pratiques et révélées dans des formats singuliers, dans des mises en espace réfléchies isolément et collégialement, dans un propos où équilibre et sens sont privilégiés.
L’exposition est intitulée Comme par une cheminée qui débouche en plein ciel - titre extrait d’un poème de Francis Ponge – dont ils s’expliquent ainsi : « nous réalisons une photographie, nous cadrons un fragment dans un ensemble, fragment qui participe à l’élaboration d’un montage, que nous affirmons d’emblée comme poétique. Dans cet écrit, un élément architectural devient la métaphore d’un corps qui digère le paysage : la cheminée, boyau de transition entre le dedans et le dehors, le dessous et le dessus, le caché et le visible. Elle évoque le foyer, la maison, le quotidien, mais aussi l’aspect sculptural des conduits industriels qui se dressent jusqu’au ciel. »
Avec un panel de pièces réfléchies spécifiquement pour l'exposition, qu'elles soient récentes ou plus anciennes, c'est une véritable exploration sensible du territoire qui est proposée.
Le Collectif / Les artistes
« Les Climats, c’est ce qui affleure, remonte à la surface. Ce sont des images latentes, prêtes à se révéler. De la matière organique, des éléments naturels, des pierres, des gens, des histoires, soumis aux déclinaisons atmosphériques » (Le collectif).
Formé autour de cinq photographes établis à Crest, dans la vallée de la Drôme, ce collectif développe un ensemble de travaux sur le territoire, abordé sous l'angle de l'expérience et de l'exploration. Certains s'intéressent aux gestes, aux usages et aux aménagements qui marquent le paysage à différentes échelles, d'autres sont fascinés par la manière dont il devient support de fantasmes fictionnels. Le paysage n'est pas seulement une image, mais un contexte où se déroule un champ de possibles. Ce qui fait image est le prélèvement, le compte rendu d'évènements visuels, qu'il soit d'ordre documentaire ou plus lyrique. Contrairement à la démarche photographique qui consiste à partir loin pour sortir de ses habitudes, nous décidons d'explorer le territoire où nous habitons. A l'image de la figure de l'Exote qu'a pensée Victor Segalen, nous sommes attentifs à la « perception du Divers », à la « connaissance de quelque chose qui n'est pas soi-même ». Il s'agit pour nous de faire l'expérience de l'altérité, dans un environnement quotidien. Segalen précise que « l'exotisme n'est pas une adaptation ni la compréhension parfaite d'un hors soi-même qu'on étreindrait en soi, mais la perception aiguë et immédiate d'une incompréhensibilité éternelle ».
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