© Gaël Turine
Expositions du 28/1/2015 au 28/2/2015 Terminé
Galerie Fait & Cause Rue Quincampoix, 58 75004 Paris France
Le mur et la peurGalerie Fait & Cause Rue Quincampoix, 58 75004 Paris France
Quelle que soit l’appellation – mur, barrière ou clôture –, la construction par un état d’une séparation physique avec un pays voisin démontre l’échec de la diplomatie et de la conciliation, laissant la radicalisation l’emporter. Jamais, depuis le Moyen-Age, autant de murs, barrières et clôtures n’auront été érigés à la frontière entre deux pays, ou de plus anciens murs rénovés ou reconsolidés.
Ces murs attisent les tensions, aggravent les précarités, accentuent les fossés culturels et religieux entre les peuples, sans solutionner les problèmes qui poussent les gens à émigrer.
Dès 1993, l’Inde a entamé la construction d’un mur de séparation de trois mille deux cents kilomètres tout au long de sa frontière terrestre avec le Bangladesh. Fait de briques dans quelques villes frontalières et d’une double haute clôture de fils de fer barbelés dans les campagnes et villages, ce mur est le plus long du monde.
Les autorités indiennes en justifient l’édification par la protection de l’infiltration de terroristes islamistes agissant dans certaines régions indiennes indépendantistes, l’immigration économique bangladaise et la lutte contre les trafics illégaux de marchandises.
Cette frontière, sévèrement gardées par la Border Security Force indienne et la Border Guard Bangladesh, est également la plus dangereuse puisque, selon les chiffres officiels, une personne a été tuée tous les cinq jours au cours de ces dix dernières années. La BSF est également accusée d’arrestations musclées, d’actes de torture et de viols. La quasi-totalité des victimes sont des Bangladais qui, pour des raisons économiques, familiales, religieuses, sanitaires, environnementales… tentent de traverser la frontière. Comment les blâmer alors que le pays souffre de tous les maux : grande pauvreté, grave surpopulation, fréquentes tensions politiques, catastrophes naturelles récurrentes…
Le rêve d’une vie meilleure l’emporte sur le danger encouru. Le mur à franchir devient le symbole de tout ce que les Bangladais veulent fuir.
Gaël Turine
© Gaël Turine
Biographie
Gaël Turine est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Aveuglément dans la collection Photo Poche, un travail sur les coopératives pour aveugles en Afrique de l’ouest.
En 2004, après plusieurs séjours en Afghanistan, il publie Avoir 20 ans à Kaboul.
Une longue collaboration avec le cancérologue pédiatrique Eric Sariban aboutit à la publication du livre chez Delpire Editeur, Aujourd’hui c’est demain.
En 2005, il entame son travail sur la route du culte vaudou dont les dernières photos datent d’août 2010. L’ouvrage Vaudou est sorti en janvier 2011.
Un important travail de portraits d’artistes « outsider » est exposé en 2012 au Musée art & marges de Bruxelles en 2012. La même année, il démarre son travail sur la frontière Indo-Bangladaise qui débouche en 2014 sur la sortie du livre Le mur et la peur dans la collection Photo Poche.
Il a également contribué à de nombreux livres collectifs. Son travail est exposé dans des galeries, des Musées et lors de festivals. Ses reportages sont publiés dans la presse internationale. Il s’est vu décerné plusieurs prix et a bénéficié de bourses en Europe et aux Etats-Unis.
Depuis ses débuts, il collabore avec des ONG. Gaël Turine anime des stages de photographie documentaire dans de nombreux pays. Il est membre de l’agence VU.