© Karine Zibaut, Bauchau sur la route
Expositions du 27/11/2014 au 22/12/2014 Terminé
Galerie La Ralentie 22-24 rue de la Fontaine au Roi 75011 Paris France
Ce qui de toi dormaitGalerie La Ralentie 22-24 rue de la Fontaine au Roi 75011 Paris France
"Plonger, plonger encore, glisser dans la vague subtile, traversée de lumière noire, caressée de longs filaments limoneux. Se tenir les yeux grands ouverts dans l’ombre fertile. Attendre, impatients, émerveillés, ce qui pourrait surgir. Nous y sommes, tout au fond, cernés de silence, les tempes battantes, le regard bercé par la douceur mélancolique de ces mains baignées d’ombres, étrangement libérées. Comme exhumées des grands fonds, elles ont perdu leurs corps et sont prises dans l’entre-deux d’un redevenir organique, juste avant, dirait – on, leur métamorphose. Karine Zibaut leur donne une autre chair, à la fois minérale et rêvée, et tout son travail coupe littéralement le souffle.
En apnée, en effet, nous sommes. Devant la beauté des surimpressions, de ce risque pris, celui de modeler les ombres et les transparences et de s’abandonner aux surprises des formes – soudain entre deux eaux, regarde ! on dirait l’envol d’un ange...L’Apnée des Ombres de Karine Zibaut nous emmène au cœur d’une vie invisible, à la fois grave et émouvante, frissonnante de la sorte de courant subtil qui moire la surface de certaines images et les rend si vibrantes, telle l’eau profonde soudain pénétrée par la lame vive du soleil sous le vent.Alors on voit la tendresse combattre en secret la force d’inertie des mains abandonnées, comme suicidées dans l’onde.
Un corps est là, un corps, s’est abîmé au cours d’on ne sait quel naufrage intime, les mains ne veulent plus rien, ou bien dansent, vestiges de gisants que l’on dirait ressuscités. Ce seraient nos mains, mais elles nous auraient quittés un jour, se seraient faites autres, et alors de cet extérieur spectral elles seraient comme douées de paroles sans mots. Muettes, elles nous diraient : Je suis ton futur mortel et ton imploration. Je suis ce qui de toi faisait, touchait, aimait, rêvait. Je suis ce qui de toi désirait, ce qui de toi dormait. C’est pourquoi elles nous hantent, les images de Karine Zibaut, danseuses orphelines dont les doigts d’ombre et de lumière effleurent, signent, appellent, émouvant lexique d’une gestuelle qui aurait pour seul nom celui d’«Écriture de la Grâce». Tel m’apparut le sens de cette « liturgie minérale» chère tant à Henry Bauchau qu’à l’artiste photographe, dont on peut dire qu’elle nous en donne aujourd’hui la traduction"
/Isabelle Floc’h
© Karine Zibaut, en douceur vers la rive
© Karine Zibaut, chercheur d'or
© Karine Zibaut, la longue vasque