Marianne Rosenstiehl, Les limaces , de la série The Curse, 2014 © Marianne Rosenstiehl, Courtesy Le Petit Espace
Le sang des femmes répugne, effraie, fascine, émeut. Il a fait l’objet de multiples superstitions, légendes et fantasmes, dans toutes les civilisations, façonnant nos représentations sociales et intimes.
Quelles traces de ces croyances sont encore apparentes dans notre quotidien, dans les liens entre hommes et femmes ? La littérature et des travaux dans des disciplines variées, ont exploré le sujet. Rares sont les représentations visuelles.
« J’ai vu », disent certaines femmes pour désigner l’apparition de leurs règles.
Mais le « voir » n’est-il pas justement révélation de ce qui est caché ?
La tache qui trahit a-t-elle toujours la couleur de la honte, de la souillure ?
Le texte du Lévitique contient les injonctions d’une loi qui scellera pour des siècles la notion de l’impureté du sang menstruel dans les sociétés judéo-chrétiennes et
musulmanes.
« La femme qui aura un flux, un flux de sang en sa chair, restera sept jours dans son
impureté. Quiconque la touchera sera impur jusqu’au soir. »
J’aborde paisiblement par la photographie l’observation d’un tabou, de façon frontale
ou décalée. L’intimité féminine, la relation amoureuse, la ménopause, la quête éperdue du féminin
chez certains transsexuels, le langage (la lexicologie extravagante dont on fait usage
dans toutes les langues pour ne pas le dire). Consciente de la difficulté à penser ce sujet pour certains, je ne milite pas pour un
passage en force mais plutôt dans l’espoir d’une réconciliation.
Marianne Rosenstiehl