
© Dorothée Smith/Courtesy Galerie Les filles du calvaire
Expositions du 12/9/2014 au 4/1/2015 Terminé
Le Pavillon de Vendôme - Clichy 7 rue du Landy 92110 Clichy France
Dorothée Smith est née en 1985 à Paris. Diplômée de l'Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d’ Arles et du Fresnoy, son travail indisciplinaire entremêle photographie, vidéo, cinéma, sculpture, bio-art et nouvelles technologies. Cette jeune artiste expose et projette depuis 2008 ses travaux à travers le monde (Finlande, Danemark, Portugal, Chine, Cambodge...), et inaugure cette année sa première exposition personnelle en Ile-de-France en dehors de sa Galerie les Filles du Calvaire à Paris, et la première exposition monographique du Pavillon Vendôme.Le Pavillon de Vendôme - Clichy 7 rue du Landy 92110 Clichy France
Au cours de l’exposition entre (deux) fantômes seront présentés: deux installations C19H2802 (Agnès) (installation vidéo, 2011) et Spectrographies (installation transdisciplinaire -photo, vidéo, performance- proposée sous la forme d’un work in progress, 2014), le film Septième promenade (2013), ainsi qu'une sélection de photographies issues de différentes séries: Loon (2007), Spree (2008), Löyly (2009), Sub Limis (2010) et Hear us marching up slowly (2012).
IDENTITÉS ET DENSITÉ DE L’ÊTRE
Les photographies, les vidéos et les installations de Dorothée Smith nous interrogent sur la (dé)construction et les mues de l'identité. Dans ses images, les corps de sa « tribu » apparaissent souvent en suspens ou en devenir. Ses images ne sont pas dénués d’un certain spleen contemporain, entre visibilité et invisibilité, présence et absence, incorporation et transition, beauté des fantasmes et densité de l’être-là. Ses photographies sont traversées tout à la fois de douceur et de fragilité tant elle saisit les états de bordure, d’attente, de latence, d’introspection ; tels des instants de transition où les corps et l’espace semblent flotter.
TROPISME NORDIQUE
Les images de Dorothée Smith sont empreintes de froid, de brume glacée, d’obscurité, de vapeur d’eau, de pluies, de fumées... Leur colorimétrie est dominée par des blancs évanescents et des bleus froids, tantôt grisés, tantôt laiteux. Ses sujets ont des carnations d’albâtre et des regards en fuite. Autant de couleurs et d’effets convoquant et évoquant les contrées du Nord.
On les retrouve dans Löyly, son premier catalogue monographique, sortie début 2014 (Filigranes Editions), accompagné d’un texte de Dominique Baqué. Il a été publié grâce au soutien du Finnish Museum of Photography d’Helsinki en Finlande, de la ville de Vichy dans le cadre du Festival Photographiques Portrait(s), d’Olympus France et du Pavillon Vendôme – centre d’art contemporain de la ville de Clichy. Löyly, terme finnois, résume l’univers de création de l’artiste, en désignant à la fois la fumée exhalée par l’eau glaciale se déversant sur les pierres brûlantes, passant de l’état liquide à l’état gazeux, et en signifiant aussi «fantôme».
© Dorothée Smith
Courtesy Galerie Les filles du calvaire
LA PHOTOGRAPHIE, CE FANTÔME QUI REVIENT TOUJOURS
Le sentiment de hantise traverse une partie de l’œuvre de Dorothée Smith, invoqué à partir de la figure du spectre, « ce résidu d’identité caractérisé par une visibilité invisible, capable d’une existence désincarnée ». Hantise, comme sentiment d’être hanté par une substance ou un être, imaginaire ou éloigné, qui vient nous déposséder de nous-mêmes.
Dans son installation Cellulairement (2012), Dorothée Smith mettait à disposition son propre corps comme réceptacle à fantômes, à travers un dispositif d’interaction lui permettant de ressentir la présence d’êtres absents. En collaboration avec des scientifiques (du CNRS et IRCICA), elle a mis au point un système de capteurs et transmetteurs de chaleur, alimentés par la présence des visiteurs, captée par une caméra thermique reliée à une puce implantée dans son corps. Cette installation est à l'origine de son nouveau projet transdisciplinaire Spectrographies (film, vidéos, photographies, performances), qui sera présenté sous la forme d'un work in progress ponctué de performances live qui feront écho aux vidéos projetées, réalisées à partir de caméras thermiques permettant d'avoir accès à des traces de présence et à d'autres strates du réel.
Quant à l'installation C19H2802 (Agnès), elle explore cette thématique à partir du motif de l'hormone de synthèse, venant, comme un fantôme, offrir un supplément de subjectivité à ceux qui l'ingèrent.
Le vivant comme matière première de l'œuvre, abordé à travers l’histoire de l’art contemporain par lebiaisdu Bio-Art et de l’art hybride, souvent par le prisme du bio-pouvoir, est ici exploré poétiquement par Dorothée Smith, provoquant des formes contemplatives et oniriques.