Je?rusalem. Guerre des Six Jours. Israe?l, 1967 © Gilles Caron / Polka Galerie
Expositions du 13/9/2014 au 29/10/2014 Terminé
Polka Galerie 12, rue Saint-Gilles 75003 Paris France
Deux photographes qu'à première vue tout oppose sont réunis à la galerie Polka:Polka Galerie 12, rue Saint-Gilles 75003 Paris France
Gilles Caron, célèbre photojournaliste dont la courte carrière (cinq ans) est aujourd’hui célébrée au Jeu de Paume de Tours.
Alexander Gronsky, jeune photographe estonien, connu pour ses réflexions sur les effets de l’environnement sur les populations locales.
Ces deux générations de photographes se retrouvent sur un même terrain, celui de la guerre.
L’exposition « Act / ReenAct » soulève la difficile problématique de la place de la photographie de guerre dans le monde de l’art. Peut-on considérer des documents d’information comme des objets d’art ? Un photojournaliste est-il un artiste ? Et, à l’opposé, dans quelle mesure un artiste peut-il photographier la reconstitution d’une scène historique pour en dénoncer le propos ?
En confrontant ces deux moyens d’expression, l’exposition « Act / ReenAct » explore la frontière entre reportage d’information et photographie d’art.
ACT / Gilles Caron
Gilles Caron connaît la guerre – il a fait deux ans de service militaire en Algérie – et la littérature. Deux précieux atouts : curieux et érudit, il a acquis les réflexes du reportage de terrain autant que ceux de l’analyse critique.
Pour la presse française et internationale, il a couvert les grands conflits armés des années 60: le Vietnam, la guerre des Six Jours, le Biafra, le Tchad et l’Irlande du Nord. A l’époque, la guerre change de vi- sage. L’ennemi disparaît... au détriment des civils, nouveaux «acteurs» de la guerre. Et la télévision concurrence la photographie. Les photographes sont dans l’obligation de proposer une nouvelle approche de leur art.
Gilles Caron est un pionnier: dernier représentant d’une génération de photoreporters et premier à se confronter à la modernité des combats. Ses clichés sont des idéogrammes de la douleur, des «allégories visuelles» de la révolte, explique Michel Poivert, dans « Le conflit intérieur» (éd. Photosynthèses), où coïncident le présent et l’universel. «Caron a construit, pour une part intuitivement et pour une autre de façon réfléchie, un propos au travers de ses images.»
La sélection proposée par la galerie Polka présente une exploration transversale de l’œuvre de Caron pour mettre en lumière le langage photographique de ce reporter à la carrière fulgurante.
REENACT / Alexander Gronsky
«Reconstruction» (2013), le dernier travail d’Alexander Gronsky, revisite les codes de la peinture d’histoire russe. En photographiant des amateurs lors de scènes de reconstitutions militaires, le photographe estonien compose des triptyques de grandes batailles historiques, de la Seconde Guerre mondiale à l’invasion russe de l’Afghanistan.
Chaque image est prise à un moment différent pour que chaque «tableau» raconte plusieurs espaces et plusieurs temps de la bataille. L’objectif est de compresser l’action et la durée en une seule œuvre.
Ces impressionnantes compositions dénoncent, à leur manière, le rapport que la société contemporaine entretient avec la violence et les conflits. Ni le photographe, ni les amateurs déguisés en militaires, ni les touristes qui observent ces scènes, n’ont connu un vrai champ de bataille en action. En revanche, tous ont vu des films ou des jeux vidéo...
Stalingrad, Volgograd, 2013 © Alexander Gronsky / Polka Galerie
A travers ses images, Alexander Gronsky s’interroge sur le statut de notre mémoire collective. Il met en exergue l’interprétation que le monde pacifiste se fait de la guerre où, à force de trop d’intermédiaires, la réalité historique est métamorphosée, jusqu’à prendre une forme cinématographique et enthousiasmer les touristes.
Finalement, dans pratiquement tous les cas, seul le paysage que Gronsky photographie en arrière- plan, toujours recouvert de neige comme souvent dans son travail, sait exactement ce qui s’est passé le jour de la bataille. Le paysage est ici le seul garant de notre mémoire collective.