Expositions du 01/04/2006 au 29/04/2006 Terminé
Galerie Hors Sol 4, rue Chérubini 75002 Paris France
La majorité silencieuse se veut un écho au livre de Jean Baudrillard, "A l'ombre des majorités silencieuses". La majorité silencieuse - l'expression - a quelque chose de mystérieux, d'effrayant. On imagine une foule, calme et passive, et ce que ce paradoxe a de menaçant, toute cette puissance contenue, inexprimée, prête à imploser. La majorité évoque également le fait de passer à l'âge adulte, et ce faisant, de se conformer.
Remettre les choses à leur place ou leur donner une nouvelle attribution, une nouvelle place : Replacements, le terme est équivoque et illustre parfaitement le travail de Vincent Debanne, ses changements de décors et mises en scène par le spatial, les déplacements.
Les photographies de Vincent Debanne s'articulent autour d'une réappropriation de lieux hyper fonctionnels : aéroport, métro, centre commercial, centre d'affaires. Dans ces non-lieux, emblèmes et produits d'une société obsédée par la circulation accélérée des personnes et des biens, vient s'inscrire la figure humaine, transportée, canalisée par l'architecture, prise dans les flux ou mise en attente.
Il s'agit de prendre à contre-pied « cette monotonie pacifiée à l'échelle quotidienne » où rien ne semble plus ni pouvoir survenir ni faire sens. Vincent Debanne cherche à réinventer ces lieux symptomatiques d'un réel amoindri, souvent décrit par Bernard Stiegler et Jean Baudrillard. Dans les deux séries présentées, les individus s'inscrivent à nouveau dans une histoire commune.
L'exposition présente deux séries de photographies : Les troupes de la Défense et Station
Les troupes de la Défense s'élabore donc comme une contre-mesure fictionnelle. En amplifiant les flux, de la bouche de métro à l'ascenseur du building « Coeur Défense », en accentuant les phénomènes de répétition, en se montrant attentif à la disposition des corps, à la gestuelle, ce qui n'était qu'un trajet devient lieu et temps d'une histoire. L'esplanade est alors le théâtre de processions, de défilés. Cette mise en chorégraphie est bien au sens de J.G Ballard une « invention de la réalité ». Les procédés de la représentation, autres enjeux de cette recherche, convoquent différentes esthétiques : le cinéma de science-fiction américain, la publicité, mais également les attributs des « tableaux d'histoire ».
Jean Baudrillard, Simulacres et simulations, éditions Galiliée
Station associe l'idée du paysage de banlieue comme « devenir du monde » (toujours selon J.G Ballard) à l'idée de « paysage du monde » (Weltlandschaft) des peintures de la Renaissance : espace allégorique et réinventé, placé sous les signes de l'activité, de l'impermanence, de l'accumulation. Ces paysages « hésitants », irréels et visionnaires, et les figures qui y sont rattachées, en quête de sens, produisent le doute, suscitent des interrogations, à la manière de la peinture métaphysique et anachronique de Giorgio de Chirico.
Les postures des voyageurs, à l'arrêt, un court instant, sur les quais de la « Station », évoquent un destin collectif et l'hypothèse d'une prise de conscience, d'une aventure commune. Un possible retour de l'événement qui, joué en hors champs dans ces images, reste indéterminé : catastrophe, révélation ou avènement ?
[Exposition montée avec le concours du Ministère de la Culture et de la Communication -Centre National des Arts Plastiques-(Aide à la première exposition)]
Replacement : To put things back into place or to find them another location .... the term is ambiguous although adequately representing Vincent Debanne's work, his scene changes and stagecraft using space and displacements. The silent majority ... the masses ... echoes the title of Baudrillard's book "In the Shadow of the Silent Majorities".
The Silent Majority - the wording sounds mysterious, even frightening - lies somewhere between passiveness and implosion. « Majorité » in the original French also refers to the coming of age, and therefore to a tendency to conform.
Vincent Debanne's photographies revolve around a reappropriation of highly operational spaces : whether airports, underground railways, shopping malls, business centres. In these un-places, which are emblems and artefacts of our society, obsessed with speeding up the circulation of people and goods, human figures appear, as transported and channelled by the urban environment, dragged along in ebbs and flows or apparently waiting.
The aim is to oppose « this daily pacified monotony » wherein apparently nothing might henceforth ever happen or make sense. Vincent Debanne tries to revive the dullness of places which are now the symptoms of a diminished reality.
The Exhibition presents two different series : Troupes de la Défense - Defence Forces - and Stations (« La Défense » also being the great business district in the West of Paris).
Les troupes de la Défense is worked out as a fictional counter-measure to the withdrawal symptom as described by Bernard Stiegler and Jean Baudrillard. By magnifying the floodtide, from a metro entrance to a lift in the « Coeur Défense » building, from a motor car to the gates of a supermarket, by exaggerating repetitive events, by paying attention to the placing of bodies, togestures, what was initially only a journey becomes the scene and occasion of a particular history. The esplanade or car park then becomes a stage for rituals, processions, parades. This act of choregraphy is indeed, as J.G Ballard said, an « invention of reality ». But the photographs are by essence echoes derived from symbolic substitutions as brought about by capitalism.
[An exhibition set up with the help of the French Ministère de la Culture et de la Communication -Centre National des Arts Plastiques-(Aide à la première exposition)]Galerie Hors Sol 4, rue Chérubini 75002 Paris France