Quarry Workers © Mohamed Ali Eddin
Le projet Vie de carriers tend à documenter la détresse de 20 000 ouvriers de la ville de Minya, capitale de la Moyenne-Égypte. Ces hommes, pour gagner à peine de quoi vivre, endurent de longues heures de labeur au sein de carrières de calcaire, dans des conditions déplorables où ils subissent de graves blessures. Sur fond stupéfiant de roches blanches, le portfolio du lauréat montre des travailleurs assidus, qui, sans masque ni équipement approprié, respirent la poussière des carrières et manipulent d’imposantes machines coupantes, et présente également d’émouvants portraits de personnes amputées. En se concentrant sur leur vie dans leurs villages, sur les routes tortueuses et dans les dangereuses carrières, la portée du projet de Mohamed Ali Eddin n’est pas seulement d’exposer le manque de normes de sécurité et de santé dans les carrières, mais aussi de mettre en lumière la forte volonté et vivacité de ces travailleurs.
« Je suis honoré d’avoir été choisi parmi tant de photographes talentueux et de projets méritants » a dit Mohamed Ali Eddin. « La bourse de la Fondation Manuel Rivera-Ortiz m’aidera à apporter une vision plus profonde et personnelle de ces difficiles et dangereuses conditions de travail, ainsi que de montrer l’impact des vies de ces ouvriers sur leur société. »
Le jury a délibéré très tôt le matin à la Galerie Huit. Guidé par Didier de Fays, directeur de la Fondation Manuel Rivera-Ortiz, les membres du jury étaient :
Michael Benson – Directeur du Prix Pictet and Fondateur de Photo London
Anne Biroleau – Conservateur du département photographie, Bibliothèque nationale de France
Claude Hudelot – Sinologue, curateur et collectionneur
William M. Hunt – Curateur, collectionneur et consultant
Azu Nwagbogu – Directeur du Lagos Festival
Laura Sérani – Directrice émérite des Rencontres de Bamako
Marco Zappone – Directeur des Éditions PhotoSynthèse
« Le jury a été ému par les photographies de ce jeune photographe qui documente son propre pays, en pleine émergence. » explique Laura Sérani, membre du jury. « Nous sommes enchantés d’offrir ce prix à Mohamed, de lui donner l’opportunité et la parole pour défendre encore plus loin ces personnes, sur ces territoires cruciaux, à travers le reportage. »
Frappé par le thème commun de l’exploitation des ouvriers parmi trois propositions en provenance du même pays, le jury accorde également une mention spéciale au travail de trois photographes du Bangladesh - G.M.B Akash, K.M. Asad et Mahfuzul Hasan Bhuiyan. La Fondation organisera une exposition de leurs trois portfolios.
« Le travail de ces trois photographes documentaires servira à avertir les autres migrants ainsi que le reste du monde sur les conditions de travail intolérables et dangereuses avec lesquelles nos biens de tous les jours sont fabriqués. » a annoncé Didier de Faÿs. « Nous restons dans le même esprit que celui du lauréat Mohamed Ali Eddin, et pleinement dans l’esprit de cette fondaation. »