© Capture d'écran vidéo "Selfies Anonymous" de Tripp and Tyler
Il est presque impossible d'être étranger à ce phénomène planétaire. Le Selfie est cette façon si particulière de se prendre – finalement simplement - en photo avec son smartphone. Seul ou accompagné, à pied ou en voiture, en vacances ou au travail... L'inspiration semble illimitée pour les accros. Chaque semaine, une nouvelle espèce de Selfie voit le jour.
La dernière tendance en date est le « reflie », contraction de « selfie » et « relationship ». Le principe : s'immortaliser en plein moment de tendresse. Un autoportrait, qui doit déborder d'amour, avec son partenaire, sa mère-grand ou même son chien.
Mais attention, la grande nuance – très dure à visualiser - est dans l'art de montrer son affection pour l'autre. Car tous les Selfie sont pour les simples observateurs très peu différents les uns des autres. Et pourtant, les plus consciencieux vous diront que le welfie (se prendre en pleine séance de sport) est très différent d'un legsie (photographier ses jambes dans différentes situations).
Le nouvel Opium du peuple
Cette mode, constamment renouvelée et pourtant si dépassée, ne cesse de faire parler d'elle sur la toile.Toujours plus loin, le Selfie n'a aucune limite sur les réseaux sociaux. L'indigestion est rapide pour les non-pratiquants. Et les internautes drogués au Selfie sont bien les plus polluants. Toutes les deux minutes, ils publient une photo d'eux devant la porte, dans l'ascenseur, en bas de leur immeuble, dans le métro, etc.
Certains s'en donnent à cœur joie pour décrédibiliser ces nouveaux « toxicomanes ».
Récemment, deux humoristes américains ont pris au mot le phénomène. Leur vidéo met en scène une séance de « Selfie Anonymous ». À la manière d'une réunion pour alcoolique anonyme, chaque « drogué » raconte son expérience. Tout est réunit pour faire illusion : la belle ronde de toxicomanes, le traditionnel « bonjour » collectif dès qu'un membre prend la parole et le médiateur toujours enthousiaste.
Cette fois, au lieu d'alcooliques, on y croise la jeune fille accro au « duckface », le garçon amoureux de ses muscles, un autre qui aime prendre ses plats en photo... Bref, un concentré de clichés plus vrais que nature.
Une belle caricature du Selfie, la drogue la plus dure du XXe siècle.
Noëmie Beillon