Quatre années durant, il y entreprend une carrière de pédagogue dont cet ouvrage témoigne. Restituant les contours d’une expérience créatrice, mieux véritable grammaire de la création moderne, l’ouvrage se présente, comme une compilation de toutes les références et expériences que Moholy-Nagy proposait à ses élèves. Ses recherches (dessins, photogrammes, travaux graphiques) visent à briser le primat du regard, convaincu que l’art ne peut être réduit à la simple observation mais convoque le toucher et la kinesthésie.
En trois chapitres, « La matière », « Le volume (sculpture) » et « L’espace (architecture) », précédé d’une sorte de manifeste théorique l’artiste expose sa vision du lien inaliénable entre arts, technologie et vie. Bannissant les formules artistiques existantes, il souligne les évolutions des effets optiques avec premier lieu les jeux de lumière remplaçant les effets de la couleur, et pointe les modifications advenues avec la sculpture, passant de statique et modelée à dynamique et constructive. Fort de ces démonstrations, il conclut qu’effets optiques, matérialité redécouverte, jeux de volumes trouvent dans l’architecture moderne leur aboutissement.
Laszlo Moholy-Nagy (Bácsborsód, 1895 - Chicago, 1946) est sculpteur, peintre, dessinateur, photographe et théoricien hongrois. Influencé par le constructivisme russe, il utilise le papier collé, le verre, le bois, le métal et le plexiglas pour réaliser les assemblages de formes géométriques. De 1923 à 1929, il enseigne au Bauhaus, dirigeant l’atelier du métal et poursuivant les recherches sur les propriétés plastiques des matériaux, et sur les possibilités du photomontage et du cinéma. Il est un des premiers à réaliser des oeuvres cinétiques. Il fonde en 1937 le New Bauhaus et l’Institut of Design à Chicago. Théoricien, il est notamment l’auteur de Malerei, Photographie, Film, 1925 et de Vision in Mot.
Du matériau à l’architecture László Moholy-Nagy Stéphane Füzesséry, Philippe Simay (dir.)