"Le premier pain blanc" 24 août 1944." Photographie originale : Agence Presse Libération F.F.I. © Droits réservés Reproduction : © Musée Carnavalet / Parisienne de photographie
Musée Carnavalet 16, rue des Francs-Bourgeois 75003 Paris France
À l’occasion du 70ème anniversaire de la libération de Paris et dans le cadre du Mois de la Photographie, le musée Carnavalet présente
l’exposition Paris libéré, Paris photographié, Paris exposé (exposition trilingue français, anglais, allemand).
Le 25 août 1944, Paris est libéré par la 2ème Division blindée du général Leclerc et les Alliés. Deux mois et demi après, alors que la France et les Alliés se battent encore contre les nazis, le musée Carnavalet écrit déjà l’histoire en ouvrant le 11 novembre 1944 une exposition sur la Libération. En effet, dès septembre, François Boucher, conservateur du musée Carnavalet et résistant, souhaite « réunir les documents indispensables à l’historien de l’avenir ». Il lance alors un appel dans la presse afin de « constituer une documentation très complète sur les journée de la libération de Paris » et sollicite de nombreuses institutions. Cette exposition, réalisée sur le vif et portée davantage sur l'émotion que sur la véracité historique, rencontre alors un véritable succès populaire avec 32 683 visiteurs.
Doisneau Robert 23 août 1944 - FFI, boulevards Saint-Michel et Saint-Germain Photographie originale © Robert DOISNEAU /RAPHO
Reproduction : © Musée Carnavalet / Parisienne dephotographie
Paris libéré, Paris photographié, Paris exposé revient sur l’exposition de 1944 en reprenant des photographies de Robert Doisneau, René Zuber, Jean Séeberger... que viennent enrichir et contextualiser des tirages, des films d’époque, des entretiens vidéos avec des témoins de la Libération, des libres publiés à chaud ou encore divers objets attestant de l’engagement des résistants parisiens pour leur cause... Cet ensemble inédit de témoignages variés permet de comprendre la fabrique de l’image en temps de guerre. Dans un face à face où photographies et films se répondent, le parcours montre que les mémoires individuelles et collectives se sont construites grâce aux images qui, avec le temps, font l’objet d’interprétations variées. Une installation audio-visuelle de l'artiste Stéphane Thidet illustre le lien complexe qui nous lie aux photographies et le médecin généticien Axel Kahn nous explique comment notre cerveau les mémorise.
Séeberger Jean, "Libération de Paris", 22 ou 23 août 1944, Portrait du F.F.I Michel Aubry dans la Préfecture de Police, cour du 19 août 1944 (anciennement cour Chiappe), 4ème arrondissement.
Photographie originale : Jean Séeberger © Photo Séeberger Frères Reproduction © Musée Carnavalet / Parisienne de photographie
Chaque commémoration est l'occasion d'une réécriture de l'Histoire.
C'est une Libération glorieuse et héroïque qu'il importe de valoriser en 1944 ; cette perspective épique transparaît dans la première exposition sur la libération de Paris qui se tient au musée Carnavalet peu de temps après l'événement.
70 ans plus tard, le musée Carnavalet propose de revisiter cette exposition conçue « à chaud » avant même la fin de la guerre.
Alors que l’exposition de 1944 s'organisait autour de grandes thématiques en se focalisant sur les journées de la Libération, le parcours de l’exposition de 2014 reprend l'enchaînement des événements, de l'Occupation à l'après-guerre, pour mieux mettre en évidence la bataille des images qui s'opérait alors : les images glorieuses et festives de la Libération venaient contrebalancer quatre ans d'intense propagande. D'une manière générale, le musée Carnavalet a souhaité par cette exposition, enrichir et contextualiser le fonds photographique présenté en 1944, et analyser, à travers les textes et images animées, les conditions de production des photographies.
L'exposition Paris libéré, Paris photographié, Paris exposé permet de s'interroger sur la restitution de la mémoire ; elle rappelle que la narration des événements peut être réactualisée en permanence. Les nombreuses citations d'historiens et de philosophes ponctuant le parcours aideront le public à questionner cette conscience de l'Histoire.
Cette présentation renouvelée met notamment l’accent sur les images absentes. Pourquoi les femmes ne sont-elles quasiment pas représentées ? Où sont les étrangers des armées libératrices qui ont contribué activement à la Libération mais qui ont été éclipsés lors de la construction du récit héroïque de 1944 ?
L'exposition questionne les mécanismes de la mémoire, pour mieux comprendre ses refoulements et ses surreprésentations.
Outre sa volonté de valoriser le très riche fonds photographique du musée Carnavalet, qui, pour des raisons de conservation préventive, ne peut être exposé en permanence, cette exposition et la programmation culturelle associée entendent raconter l'Histoire de façon différente.
De nombreux événements seront ainsi proposés au public pendant toute la durée de l’exposition : conférences, rencontres et animations autour de thématiques variées, projections, concerts et lectures, mais aussi ateliers et trajets en bus d’époque.
Catherine Tambrun, commissaire de l’exposition