© Israel Ariño
Sous ce titre énigmatique se dissimule la nouvelle exposition du photographe espagnol Israel Ariño, issue de sa résidence chez Nature Humaine pour la photographie, à Le Blanc, en Indre.
Nature Humaine est une association qui agit en Région Centre pour la connaissance de la culture photographique et sa diffusion. La résidence pour photographes, située à Le Blanc, « favorise l'éclosion d'un regard d'auteur original sur ce territoire rural et permet de construire un travail photographique en relation avec les habitants ». Pendant trois mois, l'équipe apporte à l'artiste les ressources nécessaires pour développer son oeuvre. Le projet est présenté au mois de mai suivant, lors d'une exposition, ici Le nom qui efface la couleur, au Moulin de la Filature sur les bords de la Creuse. Depuis plusieurs années, les activités photographiques de Nature Humaine sont des évènements majeurs au sein de l'offre culturelle de la ville du Blanc. Nature Humaine est « une ambassade pour la photographie contemporaine en terre blancoise, un véritable défi culturel pour ce territoire ». Nature Humaine a ainsi un triple but : soutenir un artiste grâce à la résidence, donner à voir la photographie contemporaine et « apprendre à regarder » en offrant au public, notamment scolaire les clefs de compréhension nécessaires pour aborder le médium photographique.
Pour cette résidence 2013/2014, Nature Humaine a été séduite par « l'approche photographique noir et blanc empreinte d'onirisme intemporel » d'Israel Ariño. « Nous étions tous curieux de voir le résultat de cette expérience sur notre territoire. Le parcours artistique de Israel Ariño, mêlant pratique argentique et collodion humide, nous semblait faire partie intégrante d'une démarche photographique exigeante au service d’une recherche esthétique singulière. Ce projet de résidence nous laissait entrevoir la redécouverte de notre environnement par un jeu de piste visuel inattendu. Qu'allait-il faire apparaître comme trace de l'existence, qu'allait-il rendre visible ?».
En effet, Israel Ariño travaille uniquement en noir et blanc. Son travail évoque un thème qui lui est cher : « la disparition et les traces fugaces qui en résultent, inaccessibles à notre rationalité ». Le moyen format et les chambres photographiques lui permettent une photographie lente, « grâce à laquelle il voit et entrouvre les lisières du monde ».
Mais Le nom qui efface la couleur n'est « ni un constat, ni le symptôme d'un monde qui disparaît, que l'on aurait perdu». Le photographe énonce au contraire «les possibilités d'une transcendance que la sédimentation des jours nous fait oublier si facilement». Ainsi, « se pencher sur le côté inattendu d'un regard, se perdre à côté de chez soi, découvrir ce qui se cache derrière la couleur du quotidien, c'est prononcer Le nom qui efface la couleur».
Subjugué par son sujet, il extrait de notre environnement quotidien « ces silhouettes aquatiques, ces gamins qui regardent demain et défieraient quiconque de les en empêcher, ces chemins qui disparaissent, ces bâches noires dressées vers la trouée du ciel et parées de rosée pour nous être aimable, ces cœurs nichés dans la friche ».
Ainsi, ses photographies nous dévoilent « un sens qui dépasse l'âge des hommes et qui pourtant nous rappelle à notre propre humanité, à la place que l'on prend et à celle que nous laissons ».
Le livre Le nom qui efface la couleur, publié aux éditions Filigranes&Editions Anómalas en co-édition avec Nature Humaine, est accompagné d’un texte de Sylvie Durbec, Pierre qui pense, visage qui rêve.
Le nom qui efface la couleur © Filigranes&Editions Anómalas en co-édition avec Nature Humaine
Entrée gratuite
http://israelarino.com/"
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