
A Paris, le 1er mai a vu se succéder deux types de manifestations. En effet, le traditionnel défilé syndical a laissé place, la nuit tombée, à une nouvelle forme de protestation politique.
Mené par Pierre Terdjman, un groupe de photojournalistes a ainsi affiché sauvagement une trentaine de photographies dans la ville, affichage relayé sur les réseaux sociaux grâce au hashtag #dysturb (disturb). Déranger, importuner, troubler : tels sont les mots d'ordre de cette opération. Le but de Pierre Terdjman est d'interpeller les passants, de leur imposer des images qu'ils ne vont pas chercher par eux-mêmes.
Photographe de l'agence Cosmos, habituellement publié dans la presse magazine, le meneur de Dysturb a couvert de nombreux conflits : les printemps arabes, le conflit russo-géorgien, l'Afghanistan, et plus récemment la guerre de Centrafrique. C'est d'ailleurs à son retour de Centrafrique, alors fatigué du maigre impact qu'obtiennent ses photographies dans la presse et du désintérêt du public pour le photoreportage, que naît le projet Dysturb dans l'esprit du journaliste. Il effectue d'abord en mars 2014 une mission à petite échelle, et décide de renouveler l'expérience. C'est ainsi qu'il rassemble une dizaine de photojournalistes, avec lesquels il opère une sélection d'une trentaine de clichés à afficher pendant la nuit du 1er mai.
Parmi les photographes, Benjamin Girette, qui dirige le projet avec Pierre Terdjman. Il a choisi d'exposer ses portraits d'activistes ukraniens pro-européens, ainsi qu'une photo relative au conflit de l'aéroport de Notre Dame des Landes, sujets récents qui devraient interpeller le public.
Mais Dysturb est également l'occasion de rappeler certains faits aux passants, comme l'image d'Agnès Dherbeys, qui présente une photographie de tibétains en exil, prise au Népal en 2008.
L'opération Dysturb est toujours visible dans les rues parisiennes, même si certaines photographies ont été depuis arrachées. On peut néanmoins retrouver virtuellement trace de cet affichage sur les réseaux sociaux grâce au hastag #dysturb.
Juliette Chartier