© Graham MacIndoe
Graham MacIndoe, photographe indépendant ayant collaboré entre autres avec le Guardian, a choisi de raconter son addiction à la drogue par le biais d'un journal photographique. Commencé en 2010, cet ensemble de 342 autoportraits a été découvert par son ancienne conjointe Susan Stellin.
Ce travail, comme le rappelle Susan Stellin dans une interview du photographe pour le Guardian, pose la question du voyeurisme. En effet ces autoportraits, pris par MacIndoe à l'aide d'un appareil bon marché qu'il plaçait sur sa table de chevet, révèlent la violente réalité du mode de vie d'un toxicomane : remplissage de la pipe de crack, préparation de l'héroïne, piqures... Susan fait ainsi part de son sentiment complexe sur ce travail, entre curiosité et gêne, à propos de photographies qu'elle « ne voulait peut être pas voir au final ». Plus tard, elle va prendre conscience que ces autoportraits vont aider à comprendre l'addiction depuis l'intérieur.
© Graham MacIndoe
En effet, ici le choix de l'autoportrait est singulier, la plupart des reportages sur les toxicomanes étant réalisés par une tierce personne, or Graham choisit de livrer son propre témoignage. A l'inverse d'une mise en scène prônant une existence solitaire, le photographe veut montrer la répétition monotone des journées d'un toxicomane. Dans l'interview qu'il donne à Susan Stellin, Graham explique qu'au début de ses prises il pensait que la drogue améliorerait sa vie , qu'elle résoudrait tous ses problèmes. Il raconte les instants d'euphorie que lui apporte la drogue, et l'état dépressif qu'elle installe ensuite : « ce n'est pas simplement quelque chose que l'on prend pour faire la fête, mais ce dont on a besoin désormais pour exister ».
Ces autoportraits sont à la fois un souvenir douloureux de ces années, mais montrent également l'espoir. En effet, après un rare programme de désintoxication en prison duquel il est sorti libre, Graham a réussi à sortir du cercle infernal. Ces autoportraits témoignent ainsi de la route jusqu'à la guérison.
Une sélection des photographies de MacIndoe est visible sur le site de The Guardian : http://www.theguardian.com/artanddesign/audioslideshow/2014/may/03/heroin-addiction-graham-macindoe-photography"
Une vidéo du photographe expliquant son travail sera montrée le 14 mai à Scottish National Portrait Gallery, et ses photographies paraitront en automne dans le livre Photographer's Sketchbooks publié par Thames et Hudson.
Juliette Chartier