WASHINGTON - Le photographe et cinéaste américain noir Gordon Parks, qui avait réalisé "Shaft" au début des années 1970, est décédé mardi. Il avait 93 ans. L'artiste avait débuté la photo dans les années 1930 avant de rejoindre à la fin des années 1940 la rédaction de "Life".
Au sein de ce magazine, il avait surtout travaillé sur les conséquences de l'intolérance et du crime, photographiant aussi bien les gangsters et les policiers que Malcom X et les Black Panthers ou encore la population noire dans les grandes villes et les campagnes.
"J'ai moi-même connu dans ma jeunesse les discriminations et, dans une certaine mesure, la pauvreté et l'intolérance dans ma ville natale du Kansas", avait déclaré Parks à Reuters en 2000. "Il était dès lors naturel que j'utilise mon appareil photo pour parler au nom de ceux qui n'ont pas la parole".
A la fin des années 1960, Parks s'était tourné vers la caméra, sortant son premier film, "The learning tree", en 1969. En 1971, il réalisait "Shaft, les nuits rouges de Harlem", un film s'inscrivant en plein dans la "blaxploitation", ce genre alors nouveau spécifiquement destiné au public afro-américain, où la musique noire, la soul et le funk, jouaient un rôle primordial.
Incarné par Richard Roundtree, le personnage central de ce film, le détective John Shaft, a été présenté par certains comme le premier héros noir de l'histoire du cinéma. Ce film, qui fut récompensé par l'Oscar de la meilleure bande originale, eut deux suites, Shaft's Big Score en 1972 et Shaft in Africa en 1973.