© Jean-Baptiste Sauvage
Galerie Jacques Cerami Route de Philippeville 346 6010 Couillet Charleroi Belgique
«C’est une vue du ciel du circuit de Nardo en Italie, survolé en 2010 qui m’a mis sur la piste. J’ai été saisi par ce cercle parfait de 12,5 km de périmètre tracé sur le bord de mer, un dessin parfait transformant le paysage en maquette faussant les repaires et les échelles. Ensuite j'ai commencé mes recherches autour des formes de la vitesse liées aux deux roues et cela m’a conduit près de Marseille au circuit Paul Ricard, avec son étonnant système de peinture. Je n'avais pas revu le circuit depuis 1997 à l'occasion d'une manche du championnat du monde. A la différence du circuit de Nardo, le parcours du Castellet est un tracé assez complexe en partie redessiné il y a une dizaine d’années au moyen d’un système appelé Blue Line constitué de bandes peintes en bord de piste, bandes régulières de deux mètres de large environ de couleur bleu ciel. La rencontre entre pratique de la moto et pratique artistique se fait là, sur ce moment de recherche, de spéculation autour des peintures du circuit. J'ai alors remonté une Honda 450 CB, elle est pour moi ici objet sculptural, outil support des caméras et prétexte à la piste.
La précision, l'exigence, le placement du corps sur la moto, l'oeil qui lit le tracé, anticipe, et cette corrélation fortuite d'éléments, produit parfois des gestes très beaux. Des gestes fluides de dessins dans le paysage, avec des règles galiléennes précises où la faute peut conduire à la chute. La marge de manœuvre est limitée mais cette marge est justement l'endroit le plus intéressant, le plus excitant à explorer. Sur le circuit l'échelle des possibles est encore plus grande que sur route ouverte avec une boucle, une séquence, un tracé, une partition à apprendre. D'où une interprétation de cette partition produite ici avec la moto, forme d'autant plus libre qu'elle émerge dans la contrainte. Dans le jeu, c'est la règle qui importe.» Jean-Baptiste Sauvage
© Jean-Baptiste Sauvage