© Milomir Kovacevic
«Mon père s’appelait Merlin, il a enchanté Octo, ma mère. C’était l’année des T, comme Tony ; je suis né le jour de la fête de la Musique, alors c’était Tambour ou Trompette. Vu mon zizi, c’était sans équivoque ; ce fut Tambour. A l’origine, je devais vivre à la campagne, mais ma maîtresse Annie est décédée une semaine après. Tony, son frère m’a adopté à Paris, au dessus d’un bistrot, « La Pointe Sainte-Eustache », au 1, rue Montorgueil. « Car on a son orgueil dans la rue Montorgueil », écrit Queneau. Pour moi, mon avenir a été tout tracé et c’est comme ça que j’ai consommé sans modération la Vie Parisienne. Douze ans déjà ! Je vais bientôt être plus vieux que mon maître. C’est lui qui devra me ramener à la maison ; cela le rend vert de rage de devoir me respecter. Je vieillis avec la philosophie, mais non pas sans « de Boire » : j’ai eu mon premier accident de bar ; récemment je suis tombé d’un tabouret et je me suis cassé une canine. Comme quoi l’abus de bistrot peut nuire à la santé !» Tambour
© Milomir Kovacevic
© Milomir Kovacevic
Milomir Kovacevic commence son travail de photographe à l’âge de 17 ans au Club universitaire de photographie (CEDUS) à Sarajevo. Depuis le début de sa carrière, il se consacre principalement à saisir des images de la vie dans la rue et l’atmosphère des événements culturels à Sarajevo. D’abord photographe de presse pour différentes revues locales, son travail ne sera jamais celui d’un journaliste à la recherche d’images sensationnelles et éphémères. Parmi les nombreuses photographies qui ont fait sa notoriété, se trouvent ses photographies de la vie dans les prisons, de l’atmosphère de Medugorje, célèbre lieu de pèlerinage, des supporters du club de football de Sarajevo, de graffitis, de Tito dans les vitrines des boutiques pour le dernier jour de la République….
Au début des années 1990, il témoigne des profondes transformations qui sont en train de se produire dans la société yougoslave. De cette période naissent deux séries photographiques : les campagnes d’affichage des principaux partis politiques pour les premières élections démocratiques en Bosnie-Herzégovine, et également tout ce qui touche à la vie politique de l’époque : assemblées générales des trois partis nationalistes, rencontres entre leurs leaders, réunions parlementaires, manifestation pour la paix… À partir de 1992, Milomir Kovacevic suit de près les événements qui vont rendre la ville de Sarajevo tristement célèbre à travers le monde. Jour après jour il témoigne de ce qui se passe à l’intérieur de la ville assiégée. Il présente sa tragédie personnelle et celle des habitants de Sarajevo. Par ses photographies il essaie de résister à la destruction totale de la ville.
En 1995, Milomir Kovacevic arrive à Paris où il poursuit son travail et participe à de nombreuses expositions. En 1998, il devient lauréat de la Fondation CCF (aujourd’hui HSBC) pour son sujet sur la vie dans les prisons yougoslaves. Milomir Kovacevic est un photographe des contradictions : de la mort et de la vie, du passé et du présent, de l’éternel et du passager. Ses images sont à la fois violentes et d’une extraordinaire sérénité. Leur qualité réside avant tout dans leur force picturale, pourtant exempte de toute stylisation, grâce à laquelle il nous fait partager son histoire personnelle, qui est souvent aussi la nôtre.
Il a obtenu de nombreux prix et a été fait Chevalier de l’Ordre National du Mérite, pour son travail et son engagement, par le Président Chirac en 2007.
© Milomir Kovacevic
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