© Israel Arino
Le comité de sélection Nature Humaine, composé de personnalités représentatives du monde de la photographie et issues des institutions partenaires, s'est réuni le 4 mai 2013 et a sélectionné Israel Ariño pour la résidence de création photographique 2013/2014.
« Nous avons été séduits par son approche photographique noir et blanc empreinte d'onirisme intemporel. Nous étions tous curieux de voir le résultat de cette expérience sur notre territoire. Le parcours artistique de Israel Ariño, mêlant pratique argentique et collodion humide, nous semblait faire partie intégrante d'une démarche photographique exigeante au service d’une recherche esthétique singulière. Ce projet de résidence, nous laissait entrevoir la redécouverte de notre environnement par un jeu de piste visuel inattendu. Qu'allait-il faire apparaître comme trace de l'existence, qu'allait-il rendre visible ? Cette redécouverte nous appartient désormais ... ces apparitions sont nôtres aujourd’hui ».
ISRAEL ARIÑO
& Nature Humaine pour la photographie
Israel Ariño, est né en 1974 à Barcelone. Après des études en photographie à l’Institut d’Estudis Fotogràfics de Catalunya (IEFC), il se forme en gravure et sculpture à la Faculté des Beaux Arts de Barcelone. Il complète sa formation en photographie par la rencontre de différents photographes, Manel Esclusa, Llorenç Raich, Bernard Plossu, M. Szulc Kryzanowski ou Pablo Ortiz Monasterio.
Depuis 2001, il expose son travail régulièrement en Espagne et en France. En 2008, il présente l’Espace Imaginaire à la 6ème Biennale de photographie et des arts à Liège (Belgique), Crónicas de un desembarco en 2010, l’explorateur et les caprices du hasard au Carré Amelot (La Rochelle) en 2012, Atlas i altres cartografies à la Galerie Tagomago de Barcelone et au Festival Mapamundistas de Pamplune en 2013. Il est invité en résidence d’artiste et expose son travail au British Museum de Londres pour le projet Apollo Epikouros ou à l’Artothèque de Vitré pour la série Images d’un monde flottant en 2009. Au Centre Culturel Colombier de Rennes, il présente le projet Cámara Obscura en 2011 puis dans le lieu d’art contemporain l’Aparté Iffendic en 2012. L’année suivante, le projet Territoires d’expériences est exposé au Carré d’art de Chartres de Bretagne. Depuis 2005, il enseigne la photographie à la Faculté des Beaux Arts de Barcelone et publie des livres d’artistes : Chambre avec vue (2006), Otras canciones a Guiomar (2008), Anatomía de una desaparición (2009). Ces éditions lui permettent d’explorer et de développer avec la photographie ses propres idées narratives. En 2012, son livre Atlas publié aux Editions Anómalas est sélectionné pour l’exposition "Books that are photos, photos that are books fotos" au Museo de Arte Reina Sofía de Madrid qui présente les livres de photographie les plus prestigieux.
Israel Ariño est representé par la Galerie Tagomago à Paris et à Barcelone.
israelarino.com
Biographie
Israel Ariño voit en noir et blanc. Son travail évoque une vision qui lui est chère : la disparition et les traces fugaces qui en résultent, inaccessibles à notre rationalité.
Les outils avec lesquels il fait corps, moyen format et chambres photographiques, induisent sa pratique d'une photographie lente, grâce à laquelle il voit et entrouvre les lisières du monde. Ses images bâtissent un décor métaphorique aussi bien originel que contemporain : des visages, des paysages, animaux, nuages. Ces objets divers apportent les pièces manquantes au puzzle mystique qu'il poursuit et qu’il construit au fil de ses déambulations intuitives. Il faut qu'il soit subjugué par son sujet pour extraire de notre environnement quotidien cette pietà, ces silhouettes aquatiques, ces gamins qui regardent demain et défieraient quiconque de les en empêcher, ces chemins qui disparaissent, ces bâches noires dressées vers la trouée du ciel et parées de rosée pour nous être aimable, ces cœurs nichés dans la friche ; l'inextricable côtoie le dérisoire et pourtant tout fait sens ; un sens qui dépasse l'âge des hommes et qui pourtant nous rappelle à notre propre humanité, à la place que l'on prend et à celle que nous laissons.
Le nom qui efface la couleur n'est ni un constat, ni le symptôme d'un monde qui disparaît, que l'on aurait perdu. C'était mieux avant n'a pas cours ici. Israel Ariño énonce les possibilités d'une transcendance que la sédimentation des jours nous fait oublier si facilement. Se pencher sur le côté inattendu d'un regard, se perdre à côté de chez soi, découvrir ce qui se cache derrière la couleur du quotidien, c'est prononcer le nom qui efface la couleur. Israel Ariño nous fait redécouvrir qu'il n'est point nécessaire de spectaculaire pour s'offrir ce voyage et que l'évasion intérieure se passe de motif. Quel sera pour vous le nom qui efface la couleur ?
© Israel Ariño
Nature Humaine pour la photographie est une association qui agit en Région Centre pour la connaissance de la culture photographique et sa diffusion. Pour concrétiser ces volontés, le Parc naturel régional de la Brenne, dans le département de l’Indre, de par son éloignement de l’offre culturelle urbaine, comporte un environnement humain privilégié.
La résidence pour photographes Nature Humaine favorise l’éclosion d’un regard d’auteur original sur ce territoire rural et permet de construire un travail photographique en relation avec les habitants. La résidence a une durée de trois mois, de mi-septembre à mi-décembre. L’équipe apporte à l’artiste accueilli les ressources nécessaires pour développer son oeuvre et lui permettre de porter un regard singulier en laissant le champ libre à son interprétation et son expérimentation.
Le projet réalisé est présenté au mois de mai suivant, lors d’une exposition et dans un livre co-édité par Nature Humaine et les Editions Filigranes. Les photographies exposées enrichissent également un fonds photographique conservé à l’Ecomusée de la Brenne à Le Blanc (36).
L’exposition issue de la résidence se situe au Moulin de la Filature sur les bords de la Creuse. De l’Antiquité au début du 20ème siècle ce site a été au cœur de la vie de la cité. Poste de gué sur la voie romaine à l’origine, il devient moulin à blé au Moyen Âge et se transforme en un moulin à blutoir en 1828. Cent ans après, il deviendra moulin à filer le lin. Acquis par la Ville en 2004, la rénovation du Moulin de la filature en centre d’expositions et de spectacles fait de ce lieu un nouvel espace vivant et sauve les traces symboliques et fortes du patrimoine blancois.
Depuis plusieurs années, les activités photographiques Nature Humaine constituent des événements clef dans le panorama culturel de la ville du Blanc. Nature Humaine est une ambassade pour la photographie contemporaine en terre blancoise, un véritable défi culturel pour ce territoire.