© Bieke Depoorter
« Je ne veux pas montrer de façon documentaire comment les gens vivent. Ce n'est pas la façon dont ils mangent ou s'habillent qui m'intéresse. C'est de capturer l'intimité d'un instant », explique Bieke Depoorter, la jeune photographe belge.
Née en 1986, Bieke Depoorter obtient son Master en photographie à l’Académie Royale des Beaux-Arts à Gand en 2009. Elle débute alors ses projets personnels en traversant des pays comme la Russie, les Etats-Unis et parcourt même l’Egypte. Dans sa série « Ou Menya », la jeune artiste voyage pendant trois mois en Russie sans parler la langue : elle inscrit simplement sur un papier : « Je cherche un endroit pour passer la nuit. Connaissez-vous des gens qui peuvent me proposer un lit ou un canapé ? Je n’ai besoin de rien de particulier et j’ai mon propre sac de couchage. Je ne souhaite pas séjourner à l’hôtel car j’ai peu d’argent et parce que je veux voir comment vivent les gens en Russie. Je pourrais peut-être dormir chez vous ? Merci beaucoup pour votre aide ! ». Ainsi elle explore la sphère plus privée de la famille dans un contexte parfois pénible ou au contraire chaleureux. Chaque jour, elle trouve un nouveau toit. En découvrant l’intérieur de mondes inconnus, elle met en lumière des moments intimes et intenses qu’elle a pu partager. « Ce sont des photos qui ne vous donnent pas seulement à voir, mais à vivre ». Bieke Depoorter se laisse guider par le Transsibérien à travers des villages oubliés. Grâce à ce travail de photoreportage, elle est lauréate du prix HP Magnum Expression Award en 2009 et du prix Sony World Photography dans la catégorie « Actualités » en 2010.
Membre du collectif « Tendance Floue » en 2011, Bieke Depoorter expose aux rencontres d’Arles et continue son travail de photojournalisme. Elle se rend au Caire lors des manifestations sur la place Tahrir : les opposants au président égyptien Hosni Moubarak exigent ton départ. Sa série « In Between » présente l’intimité des familles pendant cette guerre fratricide. En explorant la province égyptienne, elle découvre Fayoum : espace rural et bastion islamiste. La jeune femme participe alors au World Press Photo Joop Swart Masterclass 2012.
Toujours en quête de dévoiler la réalité, Bieke Depoorter trouve un équilibre entre photojournalisme et performance artistique. Ses clichés laissent à réfléchir sans perturber le spectateur. Pour son projet « I am about to call it a Day », la photographe part aux Etats-Unis à la rencontre des gens et immortalise des moments éphémères. Sur la même idée que pour « Ou Menya », elle vit chez ses modèles l’espace d’une nuit.
En 2013, Oxfam France et Magnum Photos collaborent sur un projet photographique au Sénégal : « La santé, à quel prix ? ». En témoignant de la réalité au Sénégal et des difficultés d’accès aux soins, Bieke Depoorter démontre à quel point il est essentiel de garantir un accès gratuit aux soins. Elle photographie des familles à l’hôpital : des instants de vie qui racontent le quotidien de ces femmes et de ces hommes pour qui l’accès aux soins n’est pas une évidence mais une réalité amère.
L’exposition « Welcome to Life » organisée par Handicap International (Belgique, 2013) montre comment les mamans vivent leur grossesse et la naissance de leurs enfants dans des pays en développement. Ainsi, Bieke Depoorter rapporte des images du Mali où les mauvaises conditions d'accouchement et le manque de suivi pendant la grossesse peuvent entraîner le décès de l'enfant ou l'apparition d'un handicap.
Bieke Depoorter, photographe chez magnum ne cesse de témoigner de la réalité grâce à ses images qui touchent à l’intimité des êtres.
Nathalie Keosouvanh