Benedicte Kurzen © Festival Visa pour l'image 2012
Née en France en 1980, Benedicte Kurzen est basée à Johannesbourg depuis 2005. Après un Master à la Sorbonne en Historie contemporaine, elle poursuit des études en sémiologie pendant un an qui lui permettront d'écrire un mémoire, « Le mythe du photographe de guerre », où elle s'attaque à l'image héroïque du photojournaliste.
Elle a été influencée par des « caractères, des personnages » ou des livres comme Reporter de guerre (de Patrick Chauvel, photojournaliste), plus que par des images. C'est ce qu'elle explique lors de son passage à l'émissionhttp://www.franceinter.fr/emission-regardez-voir-le-photojournalisme-a-l-occasion-du-festival-visa-pour-l-image-a-perpignan?&comments=votes"> de France Inter. Une anecdote qui rappelle que ce métier est bien souvent guidé par des idées, des valeurs ou encore par une volonté de bouleverser le monde en explorant l'autre et l'ailleurs.
Elle commence sa carrière en 2003, à 23 ans, lorsqu'elle s'installe en Israël en Freelance. Elle couvre les événements de Gaza, d'Irak et du Liban, pour des quotidiens tels que le « New York Times », le « Time» ou encore « Paris Match ».
Ses images prennent un tour plus documentaire en 2004, avec ses photographies sur les kamikazes et les veuves de Gaza. Elle collabore avec le groupe « Violence Against Women » créé par Amnesty International et MSF (Médecins sans Frontière), selon les conseils de Stanley Greene. Ces portraits sombres et poignants en noir et blanc, ces femmes en deuil qui doivent rester quatre mois sans sortir de chez elle dépeignent la réalité cruelle du quotidien en territoires palestiniens. Elle fonde « EVE Photographers » cette même année, avec cinq autres femmes photographes, dans la continuité de son travail avec Amnesty sur la condition des femmes.
« Motherhood », leur premier travail collectif a été exposé en Europe et en Asie, notamment lors de l'Angkor Photo Festival. En 2011, elle suit l'armée ougandaise avec Jonathan Littell dans une chasse aux rebelles du LRA dans la brousse. Dans une interview pour le site Afrique in visu, elle décrit le résultat de ce travail : « le mélange entre une collecte minutieuse et précise de signes, d’objets, d’indice dans un environnement clos, sans ciel et hostile. »
Une bourse du Centre Pulitzer lui permet de travailler au Nigéria sur un projet appelé « A Nation Lost to Gods » (« Nigeria, une nation sous les dieux »), avec le journaliste Joe Bavier, qui sera exposé au festival Visa pour l'image de Perpignan et nominé pour le Visa d'or 2012.
Dans son approche des conflits et des situations difficiles, elle évoque l'importance de l'empathie, et sa volonté de faire avancer les choses grâce à son témoignage visuel. Prenant de la distance avec ce métier « d'aventure », le glamour qui l'auréole, elle considère qu'il faut « prendre son travail au sérieux, mais ne pas se prendre trop au sérieux » (voir cette interview vidéo par http://www.franceinter.fr/emission-regardez-voir-le-photojournalisme-a-l-occasion-du-festival-visa-pour-l-image-a-perpignan?&comments=votes"> ). La jeune femme propose un regard personnel, humble et engagé, qui est certainement la clé de voûte de ce métier passionnant.
Adèle Binaisse