© Martine Franck
Martine Franck est née en 1938 en Belgique d’un père banquier et d’une mère collectionneuse de peintures. Elle fait des études en Histoire de l’Art à Madrid puis intègre l’Ecole du Louvre à Paris où elle soutient sa thèse sur « Henri Gaudier-Brzeska et l’influence du surréalisme sur la sculpture ». Sa passion pour la peinture et son goût pour la littérature éclairent toute son œuvre de photographe. Elle devient la photographe officielle du Théâtre du Soleil en 1964 et ne quitte plus la troupe d’Ariane Mnouchkine. Elle s’intéresse au théâtre avec des images en couleur de représentations et de répétitions de pièces.
A partir de 1962, la photographe voyage en Asie centrale, en Extrême-Orient et en Inde, avec le Leica de son cousin. Ainsi, elle s’investie socialement et politiquement pour témoigner contre les injustices comme la cause tibétaine ou les sans-papiers. Elle débute alors chez « Time Life » en 1963 comme assistante des photographes Eliot Elisofon et Gjon Mili. Lors de la couverture pour le « New York Times » des défilées de mode à Paris, elle rencontre Henri Cartier-Bresson qu’elle épouse en 1970.
Martine Franck rejoint la première Agence VU en 1970 : la seule femme dans cette coopérative. Elle devient ensuite l’une des cofondatrices de l’Agence Viva et propose un nouveau regard sur la société en mutation. Vigoureuse féministe, elle mène un projet pour le ministère des Droits des femmes.
D’un naturel timide, elle se cache derrière son appareil comme un masque, toujours prête à relater l’évènement. Elle s’engage, témoigne et signe des reportages en soutien à des causes humanitaires, collabore notamment avec « Les Petits Frères des Pauvres » à partir de 1985. Elle rejoint l’Agence Magnum Photos en 1980 et crée un travail plus personnel, plus porté vers la photo humaniste : témoignage de la réalité. Elle est surtout connue pour son travail sur les marginaux et les communautés isolées. Elle photographie des enfants bouddhistes, au Népal et en Inde. Dans les scènes de rue, dans les champs de bataille ou dans la misère se forgent la vision et l’art de Martine Franck.
Pudeur et grâce comme leitmotiv, l’artiste laisse des images d’une grande beauté qui n’ont pas le temps de vieillir tant elles sont intemporelles. Honnête, aimante de l’humanité qui souffre, elle donne avec simplicité un reflet de la société. Fervente et passionnée, elle fait de sa vie une rencontre avec les gens. « Mon choix, toujours, ce fut les gens. »
Plus qu’une photographe, elle est l’âme solidaire de l’humanité.
Elle décide de créer en 2002 la fondation Henri Cartier-Bresson, qui conserve l’œuvre artistique du photographe et en assure la promotion. Dix ans plus tard, elle laisse derrière elle de nombreux portraits d’artistes et d’écrivains comme Pierre Alechinsky, Balthus, Pierre Boulez, Marc Chagall, Michel Foucault, Michel Leiris, Sam Szafran. La Maison Européenne de la Photographie lui consacre une exposition de ces 62 portraits « venus d’ailleurs » qu’elle photographie entre 1965 et 2010.