© Maia Flore / Agence VU'
Née en 1988 en France, Maia Flore est diplômée de l'Ecole des Gobelins en juin 2010. Elle est membre de l'agence VU' depuis 2011 et commence sa première série Sleep Elevations (2010-2013) lors de son voyage d'étude en Suède. Cette dernière nous invite à voyager dans l'inconscient, à la frontière des rêves : images envoûtantes de jeunes filles planant au-dessus de paysages au charme tour à tour bucolique, champêtre ou aquatique. Il se dégage dans cette atmosphère éthérée un parfum baudelairien. Dans Elévation, le poète invite l'esprit à se libérer par l'écriture, les corps à s'envoler grâce à la pensée. Ainsi la 3ème strophe de ce texte de la section « Spleen et Idéal » des Fleurs du mal (1857) :
« Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides;
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides. »
A la suite de sa résidence en Finlande (2012) et de ses recherches au centre des arts de Berkeley en Californie naissent deux autres séries, Situations et Morning Sculptures. Dans la première, une jeune fille en rouge, seule dans un paysage brumeux et désert, parfois boisé, « voyage pour retrouver des moments éphémères avec la nature ». A nouveau, nous avons ce sentiment de nager dans un entre-deux trouble, entre rêve et conscience, entre inquiétude et plénitude.
La seconde, Morning Sculptures, est composée de figures acrobatiques qui évoquent la transition entre la nuit et le jour, telle une « dernière trace du monde des rêves ». Le papier peint fleuri et les cheveux roux jaillissent dans la lumière du lever du jour, le visage est caché, enfoui sous les tissus qu'il peine à quitter pour affronter la réalité. On entrevoit un bras, des jambes, mais point d'yeux ni de bouches. Tels des objets inanimés, ces corps évoquent le sentiment d'inconnu, de perte de repères qui nous assaille au réveil.
Sur son http://www.maiaflore.com/", d'autres projets en cours sont exposés, comme Two Directions, un homme et une femme qui ne se rencontrent que tous les 6 mois. Ils sont endormis, dans un train ou dans un lit, et là encore ils nous proposent une histoire, celle de nos envies, de nos sommeils entrecoupés de contes ou de cauchemars, de nos émotions d'enfance qui refont surface, de nos sensations éblouies le temps d'une nuit ou d'une étreinte.
Un onglet « Diary » nous propose des images à la suite les unes des autres, en format carré, sans commentaires ni explications. Tel le carnet de croquis d'un couturier ou d'un peintre, ces petites tranches de vie alternent entre natures mortes et paysages, pluie et soleil, voyage en forêt ou aux abords d'une usine. Un jeune homme tend son chapeau de dandy au dessus d'une demi-lune, un avocat est entouré de gants blancs, ici du papier peint, là un ballon, une sieste, une petite fille enroulé dans un drap. Comme un caresse, ces photographies tout en douceur et en légèreté sont réconfortantes.
En parallèle de ces travaux personnels et artistiques, ce jeune talent illustre également des magazines étrangers (The New Yorker, Kinfolk,...) et français, comme récemment Libération, M Le Monde (mars 2014) ou Psychologie (janvier 2014).
Adèle Binaisse