
© Storm Thorgerson / Pink Floyd
Les célèbres images des vinyles des Pink Floyd, de Muse ou de Led Zeppelin ont pour auteur un homme disparu en 2013 : Storm Thorgerson. Il porte bien son nom, car c'est une véritable tempête iconographique qui s'abat sur le monde de la musique.
Son premier contrat, c'est avec les Pink Floyd qu'il le signe, en 1968, pour l’album A saucerful of secrets, alors qu'il n'a alors aucune expérience dans le domaine. Suivront de nombreux autres partenariats : le fameux triangle traversé par un arc-en-ciel psychédélique (Dark Side Of The Moon, 1973), une usine qui crache de la fumée (Animals, 1977), ou encore un homme en feu qui sert une main (Wish You Were Here, 1975). Les plus connues des chansons du groupe furent illustrés par cet artiste, anciennement étudiant en langue anglaise et en philosophie.
Certaines de ses productions relèvent de la prouesse, à une époque où les moyens techniques actuels en étaient à leurs premiers balbutiements. Pour une pochette des Pink Floyd (A momentary lapse of reason, 1987), 700 lits d’hôpitaux sur une plage donnent une allure irréelle. D'autres sont bien plus simple, comme cette vache qui semble nous regarder (Atom Heart Mother, 1970), sur une photographie où la bête tachetée fait la jonction entre l'herbe d'un vert intense et le ciel piqueté aux tons entre le bleu clair et le violet. Le chanteur David Gilmour, à la mort de Storm Thorgenson, déclare que « les créations de Storm Thorgerson font partie de Pink Floyd au même titre que notre musique ». Un hommage lui sera aussi rendu par Nick Mason, le batteur, qui considère que l'homme laisse derrière lui « un merveilleux héritage d’idées ».
Avec son agence Hipgnosis (fondée en 1960) et ses deux collaborateurs (George Hardie et Aubrey Powell), il illustrera de nombreuses pochettes des grands noms du rock pendant quarante ans. L'influence des peintres surréalistes se retrouve sur plusieurs de ses créations : une pochette des Cranberries (The Cranberries, 1999) où un homme nu dans le désert est cerné par un œil géant au-dessus de sa têtel, ou encore celle de Muse (Absolution, 2004) où un homme entouré d'ombres regarde le ciel.
Nul doute qu'aujourd'hui il inspire à son tour d'autres artistes qui regrettent sa mort, survenue à l'âge de 69 ans. Et qu'il participa, grâce à un regard singulier, à l'idée que l'on se fait de ces années où la liberté – voire la libération – était le maître-mot.
Adèle Binaisse