© Alexia Sinclair
Alexia Sinclair propose une nouvelles série photographique très inspirée, qui a été prise dans le Château Skokloster, en Suède. Certaines parties de l'édifice étant gelées à cette époque, la série s'appelle A Frozen Tale. Tout commence lorsque le musée Royal des Armures contacte la photographe, souhaitant utiliser ses portraits de la Reine Christina (issus de https://alexiasinclair.com/collections/the-regal-twelve#christina-of-sweden", des images de reines célèbres) pour une exposition. Elle a alors l'idée de demander à photographier une vraie princesse suédoise. Refus du Palais Royal, mais une proposition lui est faite : utiliser un château pour ses photos.
Dans ce chef d'oeuvre sans chauffage ni électricité, les défis furent nombreux. De l'éclairage au décor, il a fallu s'adapter, et parfois ajouter des éléments en post-production, comme des oies, un filet d'eau ou de la fumée pour le rayon lumineux de la photographie d'une servante arrosant des fleurs.
S'inspirant des peintres du 17ème pour construire ces « images narratives », la photographe évoque Johannes Vermeer, qui illustra la vie des classes moyennes par des moments ordinaires, quotidiens, comme la Jeune fille lisant une lettre devant une fenêtre ouverte (1659) ou encore la célèbre Laitière (1658). On ne peut s'empêcher de faire le rapprochement en voyant ce beau portfolio qui esquisse deux univers, bourgeoisie et classe ouvrière. Si certaines images sont modifiées après la séance, la jeune femme fait en sorte que l'essentiel se fasse hors studio. Son sens méticuleux du détail fait la différence, et ces images nous embarquent dans une ambiance entre conte de fée et univers baroque. Sur le site https://alexiasinclair.com/collections/the-regal-twelve#christina-of-sweden" elle raconte que pour elle les possibilités de Photoshop ne donnent pas « une apparence aussi réelle que quelque chose que vous éclairez et photographiez en réel ».
Dans la vidéo ci-dessous, nous assistons à la fabrication d'une image, The Cabinets of Curiosity. Cette dernière n'a pu être capturée sur place car la pièce a été découverte à la fin de la journée. Alexia Sinclair explique que cette femme aux cheveux de gel qui regarde l'extérieur à travers une lunette et « renvoie au titre de la série », tout comme ces flocons qui inondent la pièce.
Une série impressionnante, presque surréaliste, qui nous fait voyager entre les différentes pièces du château : salle d'armes, galerie, bibliothèque, etc. Une femme joue du violon sur un tapis de feuilles mortes, une autre de la flûte adossée à une statue antique. Une balade iconique et onirique qui vaut le détour.
Adèle Binaisse