A la plage © Anne Karthaus
Le collectif Àquatre expose à la galerie Espace Flux, dans le cadre de la 9ème édition de la Biennale internationale de la Photographie et des Arts visuels de Liège en Belgique et de son Off.
Présentation du Collectif Àquatre
Àquatre a pour origine la rencontre de quatre individualités qui ont choisi de travailler en commun. Ce qui les rassemble n’est pas ce qui, à travers leurs pratiques, se ressemble, mais plutôt un désir partagé de promouvoir une certaine idée de la photographie et surtout d’explorer les marges, tant dans la diversité des productions, que dans les modalités de leur diffusion. Le Collectif «Àquatre» est né de la rencontre et de la convergence d’idées communes concernant les pratiques photographiques. De l’envie de partager, dans une attitude constante de découverte et d’ouverture, la volonté qui nous anime dans la création photographique et ses interrogations. Nous avons pour vocation de développer la recherche, la production et la diffusion des projets artistiques liés à la photographie contemporaine, tout comme la réflexion théorique sur le médium et la problématisation de ses pratiques.
Alain Marsaud, Anne Karthaus, Philippe Leroux, Françoise Laury créent le collectif Àquatre en 2012. L’association se développe autour d’un premier projet artistique « familles » et de ses expositions « 4 histoires... de familles » et « un jeu de construction de familles » en partenariat avec l'école supérieure du professorat et de l'éducation (ESPE) d'Aix-Marseille Université et le CDDP des Alpes-de-Haute-Provence.
Présentation de l'exposition
4 Histoires... de familles
L’accumulation phénoménale des images relatives à la famille, le déplacement permanent des pratiques que cette activité opère, l’évolution des techniques de prise de vue et de diffusion font de cette thématique un objet de réflexion actuel et universel.
La photographie familiale se situe au point d’intersection du social, de l’intime, de l’affectif mais aussi du philosophique, du mémoriel... et n’a de cesse de nous interroger sur ses variables oscillant du conformisme à la fantaisie, de la permanence d’un stockage en album au flux fugitif des réseaux. Comment ne pas aller, devant autant de richesse, d’audace, de force sédimentaire, chercher la matière de nouvelles créations, de nouvelles tentations.
Notre projet s’ancre dans ce constat, il est développé dans le cadre d’une réflexion commune, autour de 4 propositions originales des membres du Collectif Àquatre : Alain Marsaud, Anne Karthaus, Françoise Laury et Philippe Leroux.
« Famille(s) » d’Alain Marsaud
Pour prolonger les questions autour de la photographie amateur engagées depuis une décennie et plus, je placerai mon travail sur Famille autour de mes archives personnelles et des archives extérieures rencontrées au hasard des circonstances.
Hors du très ostentatoire album familial, recueil sélectif des épisodes de la vie comme antidote à l'oubli, mon archive photographique composée de milliers d'aperçus par contact sur papier sensible fait office de monument mémoriel pour ce qui me concerne. J'aime savoir que les choses sont toujours là, qu'elles entretiennent des liens entre elles et surtout tissent des espaces en déplacements jusqu'à aujourd'hui. Dans ce processus vivant, le passé n'est jamais très éloigné, et s'il ne compose pas l'horizon intangible à partir duquel tout se construit, c'est qu'il joue néanmoins sur sa base, la possibilité permanente d'un devenir. Pour ce qui me concerne, le devenir est essentiellement un devenir image.
Du coup, l'archive en tant que réceptacle tend à devenir réactive.
Pour satisfaire l'attente ordinaire, il serait simple de tirer les images telles qu'elles existent potentiellement dans l'archive, c'est aussi ce qui se pratique le plus couramment. Pour ma part, je recherche le stade ultime où l'image se débarrasse de l'anecdotique, du biographique individuel, d'une certaine historicité pour en faire une image matériau, à la fois disposée à une nouvelle iconicité et une autre universalité.
Aussi, vais-je en passer par une sortie, une fin de la mémoire, l’abandon consenti (ou de fait) du signifié affectif, l’héritage d’une filiation mémorielle, pour que ces images rapidement vouées de toute façon aux limbes de l’oubli, puissent ressurgir, non plus en tant qu’images relatives à l’intégrité d’un souvenir, mais évocation de toutes les mémoires et de toutes les images qui les habitent. C’est la raison pour laquelle les images d’une famille peuvent cohabiter avec celles d’une autre.
En dernier lieu, avec « Quatre histoires de famille(s) » il ne sera pas question d’anecdote, de roman familial, de souvenir plus ou moins précis, mais d’une décantation de toutes les images, comme des bois flottés, usés et polis par les assauts répétés des agressions naturelles, agrégés en formes plus ou moins monumentales, ou encore, derniers vestiges d’enveloppes charnelles d’éphémères desséchées.
www.alain-marsaud-photographie.com/
© Alain Marsaud
« Entre belgitude et sous-France » d’Anne Karthaus
La belgitude est née de l'interrogation identitaire des Belges qui se définissent surtout par ce qu'ils ne sont pas : Ni Espagnol, ni Français, ni Néerlandais, ni Allemand, tout en étant un peu tout cela. Le concept de « belgitude » exprime cette difficulté du Belge à se définir comme tel. Et plus particulièrement pour le Wallon : « Suis-je en sous-France? »
La photographie de famille adjoint à un groupe en tant qu’individu...
si j’ai quitté ce groupe, si je m’en éloigne... quel devenir pour moi? puis-je, pour y remédier m’approprier une photographie de famille qui n’est pas la mienne?
créer des liens malgré les différences? qui elles, pourraient s’annihiler par la suite ou pas? inventer une mémoire ou pas? une découverte de soi ou pas? quitter définitivement cet état de belgitude ou pas ? sans pour autant me perdre ou pas?
Ce projet est né de ma propre difficulté à me sentir immigrée... déplacée...
Entre deux cultures semblant si proches et malgré tout lointaines...
Mon histoire personnelle et familiale...
Un lien noué entre ma soeur et moi, entre nous deux. Dans le souvenir d'une enfance partagée, dans ce grand voyage de l’enfance, entre filles, est l’arbre sur lequel est construit ce projet d’histoire familiale autant que Belge.
Une nouvelle mémoire?
Le hasard des rencontres... va me servir à créer d'autres liens familiaux...
Et cette semi-fiction de réussir à forger une nouvelle identité?
Plus aisée?
Quitter un pays pour un autre, est-ce un renoncement au premier?
Obtenir une nouvelle identité, est-ce confortable?
L'identité, peut-elle être multiple?
Doit-on en laisser une pour acquérir l'autre?
Peut-on être en équilibre entre deux?
L'idéal ne serait-il pas de pouvoir étendre ses racines, de se créer de nouveaux souvenirs?
De m’inventer des racines belgo/française étendues, élargies entre nord et sud... entre pluie et soleil... entre froid et chaud... absence et présence... entre possible et impossible...
Les racines se déplacer...
Les souvenirs se transposer, ailleurs, dans une autre géographie...
Les frontières éclater....
Les identités évoluer... bouger...
Se transformer......
http://www.annekarthaus.com/
© Françoise Laury
« Petite mythologie familiale » de Françoise Laury
« Je pense que le monde qui nous entoure est, en quelque sorte l'expression du monde des représentations, une expression des désirs.
L'environnement ne se présente pas tel qu'il est mais tel qu'on aimerait qu'il soit ».
Hans Peter Feldmann
Exilés en 1962, mes parents ont choisi de conserver l'album familial et l'ont transporté dans l'une des deux valises règlementaires parmi quelques vêtements.
Juste en contre-bas de la maison familiale une base américaine s'était implantée. Mon père, alors âgé de 10 ans, était en contact direct avec les soldats, à qui il rendait quelques menus services. Très tôt, il s'est imprégné de cette culture américaine à travers la lecture de la bande dessinée, de la musique et du cinéma.
Plus tard, il joua dans un orchestre de jazz, comme clarinettiste et emmena ma mère voir au cinéma toutes les comédies musicales du moment.
Ces photographies prises dans les années 50, nous parlent de leur belle insouciance et pourtant !
Toute leur jeunesse est là, leurs rêves aussi.
Ma jeunesse a été sous l'influence de cette période des années 50 : décalée.
Dans l'album de mes parents, je m'immisce en confrontant mes images aux leurs, brisant ainsi la chronologie temporelle; nous avons tous 20 ans.
Mais la mémoire nous joue des tours ! Les souvenirs s’estompent et se recomposent inlassablement. Alors si d'autres images s’invitent et viennent se surajouter comme ces photogrammes ou ces photographies d’archives, je les garde et les assemble.
« Il faut la mémoire de beaucoup d'instants pour faire un souvenir complet » Bernard Schlink
http://francoiselaury.eu/
Image légende : Vue d'installation / Galerie ESPE / Aix-en-Provence 2013
24 tirages jet d'encre 13X18 noir et blanc
« Réminiscence Part I et Part II » de Philippe Leroux
Photographier, c’est donner vie à l’instant dans un mouvement perpétuel. C’est inviter la mémoire, la sienne et celle des autres, à jouer avec le temps.
Je photographie les miens, ma famille, pour être dans ce déplacement perpétuel, ne pas figer l'instant et échapper à un immobilisme calendaire.
Dans cette exécution répétée, l'acte photographique s'est transformé, le processus a évolué pour aller vers un travail spécifique, intimement lié à la photographie de famille.
« Réminiscence » est née d'un double constat :
Premièrement, naturellement, la photographie de famille porte en elle ses propres procédures, une forme de plastique involontaire. Elle crée quotidiennement des échanges (anniversaires, naissances, vacances, rencontres, départs, etc.), dans des géographies partagées. Elle crée de l'intérieur des multitudes d'histoires, de tragédies, de chorégraphies. Elle est le théâtre dans lequel s'exprime une infinie quantité de drames et de sentiments.
Ici, les dialogues ne sont pas joués, ils ne sont pas le résultat d'un travail, d'une mise en scène, d'une procédure, les installations ne sont pas le fruit d'une démarche, elles occupent l'espace sans intention artistique volontaire.
Deuxièmement, les savoir-faire, les démarches expérimentales, les formes expressives et les écritures photographiques échouent dans leur tentative de recréer « une proximité » propre à la photo de famille, elles s'en approchent, mais sans se défaire d'une distance et d'un recul qui porte la trace, l'empreinte d'un acte photographique, fruit d'un choix esthétique et d'une procédure argumentée.
« Réminiscence » pose la question de la photographie de famille comme moyen d'expression universel.
La photographie de famille s'émancipe des « lois » et des « genres », elle les dépasse, les transcende, elle se défait des signes temporels, des procédés et techniques, pour mieux acquérir sa propre autonomie.
“Réminiscence” n'est pas un projet esthétique dans une œuvre, c'est une histoire qui se poursuit depuis longtemps, qui s'enrichit, qui commence.
> Réminiscence part I / Livre unique de 103 pages.
Composé de 17 fragments - 17 Textes originaux assortis pour chacun d'une sélection de photographies.
Soit un total de 93 images imprimées.
Format : H 18 cm et L 21 cm. Impression jet d'encre sur papier couché 150gr.
Reliure dos carré collé.
Présentation du livre dans un caisson. Disposition à plat sur socle.
Présentation d'une sélection de fragments sous la forme de planches pré-presse au format A3. Disposition à plat dans une vitrine avec complément iconographique constitué de photographies argentiques anciennes.
http://www.philippeleroux.org/
© Philippe Leroux
Collectif Àquatre / http://collectifaquatre.fr/
Expositions 2012
- Galerie de L’IUFM de Digne-les-Bains - "4 histoires... de familles" du 25 octobre au 23 novembre
- Galerie du Cuvier de l'Archevêché - édition #1/4À8 - le 20 juin - projection de 16 photographes dont le collectif Àquatre - Aix-en-Provence
Expositions 2013
- "4Histoires de familles" extrait - Showroom Watt - Collectif Watt - septembre à octobre - Marseille
- "4Histoires de familles" Galerie Institut Universitaire - Avignon - mars à avril
- "4Histoires de familles" Galerie Institut Universitaire - Aix-en-Provence - janvier à février
“Un jeu de construction de familles”, Musée Minimaliste Intermutualiste des Arts Modestes - MMIAM(&) en partenariat avec l’IUFM, le CRDP, CDDP et la MGEN,
- Anne Karthaus : La famille «Montre en Main» IUFM Marseille Eugène Cas du 14 janvier au 30 mars
- Anne Karthaus : la famille «Détritus» IUFM Marseille Canebière du 10 janvier au 30 mars
- Alain Marsaud : la famille «Plastak» MGEN d’Avignon du 5 au 30 mars
- Alain Marsaud : la famille «Constructeur» IUFM d’Avignon du 5 au 30 mars
- Françoise Laury : la famille «Givrée» IUFM d’Aix-en Provence du 17 janvier au 28 février
- Françoise Laury : la famille «Photomatique» MGEN de Gap du 9 janvier au 30 avril
- Philippe Leroux : la famille «Ex-voto» IUFM de Digne-les-Bains du 22 janvier au 22 février
- Philippe Leroux : la famille «Sortie de l’oeuf» MGEN de Digne-les-Bains du 22 janvier au 22 février
- "Réserves" - 8 MMIAM(s) - Galerie ESPE - Digne-les-Bains - octobre à novembre
Bourses 2013
- CAC, conseil d'aide à la création arts visuels, région Paca - collectif Àquatre pour « 4 histoires de familles » acte II
Partenaires
- Académie d’Aix-Marseille, ESPE, SCÉREN – CRDP et CDDP des Alpes de Haute Provence
- Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, CAC à la Culture Régionale et aux Cultures Régionales.
Collectif Àquatre
3 rue Peyssonnel
13100 Aix-en-Provence
France
contact@collectifaquatre.fr
collectifaquatre@gmail.com
http://collectifaquatre.fr