© Rencontres photographiques d'Arles
Viviane Sassen réside et travaille là ou elle est née en 1972, dans la ville d'Amsterdam.
Bien connue pour ces photographies de mode, il est primordial de souligner l'originalité de sa démarche dans ce domaine, ainsi que ses capacités polyvalentes et remarquables dans bien d'autres.
Après deux années d'études dans une école de Mode, la jeune femme en vient rapidement à la conclusion qu'il lui en faut plus. Milieu considéré comme exigeant, parfois morne et ennuyeux, le monde de la Mode sera désormais appréhendé par Viviane Sassen de manière différente : celle-ci fera de son admiration pour les icônes de la photographie de Mode (comme Guy Bourdin ou Helmut Newton), un tremplin : elle s'essaye à son tour à l'Art des images fixes , propice à une culture plus libre et populaire, moins solitaire et plus humaine selon elle.
L'enfance de Viviane Sassen est un marqueur déterminant en ce qui concerne l’esthétique si particulière de sa photographie : couleurs, motifs, formes graphiques... une large partie de son travail est directement née à travers la douceur et la chaleur, à travers l'abandon des corps dans la matière.
C'est probablement l'Afrique qui a permis d'offrir une densité, une originalité considérable aux images de Viviane Sassen, aussi bien dans le choix des drapés que des modèles à la peau foncé, qui sont autant de médiums pour faire exister le textile et l’environnement différemment.
L'ambivalence du milieu de la mode est un véritable moteur pour l'artiste, et si le dualisme entre la part solitaire et l'aspect plus extraverti du milieu est indéniable, il est avant tout une façon de détourner les codes, d'associer ces antagonismes apparents dans un processus créatif terriblement touchant, marquant.
La déferlante actuelle d'images immobiles ou en mouvements sont une raison de plus pour ne pas se faire oublier. Il faut pouvoir déranger le spectateur, qu'il s'interroge, que la photographie soit un véritable défi pour l'oeil et l'esprit, et pour cause...
Ces caractéristiques sont en adéquation totale avec l'Art de Viviane Sassen, il suffit d'un seul regard furtif pour comprendre sa démarche, pour accrocher sans pouvoir décrocher.
Outre la force d'une représentation qui propose une remise en question, les photographies de l'artiste détiennent également ce que Roland Barthes appellerait volontiers le Punctum, la puissance d'un détail qui s'offre à la conscience, pour la ramener à sa propre expérience.
Viviane Sassen retranscrit à merveille le spectre de la photo, son aspect magique.
C'est avec une grande liberté et un panel de possibilités que l'artiste se joue des codes sans jamais les mépriser.
Pour cela, elle fut largement récompensé, entre autre lauréate du prix de Rome en 2007 et de l'ICP Infinity Awards quatre ans plus tard. Difficile de citer chacune de ses expositions, impossible de ne pas vouloir dire quelques unes de ses séries grandioses, comme Flamboya (2007), Parasomnia (2011) et Die Son Sien Alles (2012), qui sont probablement le point culminant des réflexions suggérées à travers le beau, par la délicate et blonde Viviane Sassen.
Charlotte Courtois