© Teddy Seguin tous droits réservés
- OUTPORT -
La série Outport parcourt les villages isolés de la côte sud de Terre-Neuve, ravitaillés uniquement par la mer. Les tempêtes hivernales les privent régulièrement de tout contact avec l'extérieur. Pendant des siècles, l'océan leur apportait de quoi survivre dans de rudes conditions mais la pêche y est maintenant très réglementée. Si l’isolement et l’ennui transpirent, quelques irréductibles s’accrochent encore à cette vie si particulière, si “paisible” loin du fourmillement des villes. À l’extrême Est du Canada, la grande île de Terre-Neuve est encore peu habitée sur l’intérieur et la côte sud. Sur cette côte déchiquetée de 250 km, de Port aux Basques à Harbour Breton, dont les noms rappellent la présence forte des pêcheurs français dans la région au XIX° siècle, quelques villages résistent à la pression du gouvernement canadien qui souhaiterait voir leurs habitants rejoindre les quelques grandes villes reliées par la route.
Les villages de Mc Callum, Grand Bruit ou Rencontre East, blottis dans leurs petites baies, ne peuvent être ravitaillés que par la mer. Maintenir ces villages en vie a un coût dont la province se passerait bien. Aucune route ne s’aventure à l’intérieur de cette nature hostile et escarpée, quant au bateau, plus d’une fois, il doit retarder ou annuler la rotation hebdomadaire tant la météo peut être capricieuse dans la région. Si quelques projets d’aquaculture ont permis à plusieurs villages de survivre et de garder des familles en place, il est difficile pour les autres de maintenir une activité régulière depuis que la pêche artisanale est fortement réglementée. L’océan, qui pendant des siècles leur a apporté de quoi survivre dans ces conditions très dures, leur est à présent interdit. Le vent seul anime les rues désertes des villages en sursis.
- INSULAE -
Tel les atlas composés d'îles imaginaires, publiés à la renaissance, le projet INSULAE regroupe différentes séries photographiques questionnant l'insularité en tant que trait de caractère d'un groupe ou d'une entité géographique. Cet espace qui isole de l'extérieur, protège parfois, foyer de résistance est au cœur de ce travail photographique. L'océan, le désert ou la société façonnent ces insularités qui se caractérisent, au delà des cultures vernaculaires, par des idées et des valeurs propres aux microcosmes. Oasis, ghetto urbain ou villages isolés reproduisent partiellement un modèle insulaire, ces environnements ont comme socle commun d'échapper à l'emprise de la société, de créer un rapport différent à l'espace et à l'autre.
A la sortie de L'Ecole Nationale Supérieur de la Photographie d'Arles en 2002, il se consacre à la photographie de reportage dans laquelle il explore déjà les univers clos d'un navire de pêche en mer de Barents ou d'une mine d'uranium dans les steppes Kazakh. Ses reportages sont régulièrement publiés dans la presse nationale et internationale. C'est en Corse où il a vécu plusieurs années qu'il découvre la manière dont l'île peut façonner les tempéraments. Cet intérêt s'accroit lors de son séjour à Saint Pierre et Miquelon où il retrouve des traits lié à insularité dans un territoire aussi éloigné que possible de l'île de beauté. En 2006, il s'installe en Centrafrique et continue à réaliser des reportages sur Les microcosmes des campements de chasseurs, cueilleurs pygmées en forêt équatoriale puis réalise une commande pour le Monde Magazine sur les milices d’autodéfense Peul dans le nord du pays. A partir de 2010, il commence à réaliser des séries plus personnelles avec toujours cet intérêt pour l'insularité. Si les frontières qui séparent encore les “insulaires” du reste du monde ont tendance à diminué avec l'ère du numérique, l'isolement qu'il soit géographique, social ou culturel façonne encore des caractères forts et singuliers sur lequel il s'attarde dans ces dernières séries comme Outport ou la Natividad. INSULAE est un cycle en cour qui englobe ces différents travaux.
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