© Charles Fréger, Fantasias, 2009
En 2014, le Studio Fotokino ouvre ses portes sur une exposition de Charles Fréger qui puise dans ses nombreuses séries de portraits photographiques pour présenter une sélection centrée sur la question de la théâtralité à travers le costume ou la posture des sujets.
Patineuses, joueurs de water-polo, légionnaires, majorettes, ouvriers... depuis ses années d’études à l’école des Beaux arts de Rouen, Charles Fréger entreprend de photographier des groupes de personnes, et les vêtements qui les identifient. On pourrait parler d’inventaire, comme le titre générique de ce projet le suggère, « Portraits photographiques et uniformes », mais il s’agit de bien plus que cela. C’est la tension qui existe entre chacun des sujets et son vêtement que Charles Fréger pointe dans ses prises de vue.
Qu’est-ce que cela implique de s’habiller en costume de cérémonie ou en collants, de revêtir une peau d’ours ou un masque de chèvre ? Pourquoi choisit-on d’endosser un uniforme militaire ? Qu’affirme-t’on lorsque l’on revêt un bleu de travail ?
© Charles Fréger, Hereros, 2007
On pense évidemment aux Hommes du XXe siècle d’August Sander, engagé dans une démarche encyclopédique débuté dans les années 1920. Mais s’il est question du portrait d’une humanité, celle que saisit Charles Fréger semble co-exister dans une sphère méconnue de notre quotidien, et l’on découvre chacune de ses séries comme l’on découvrirait un nouveau pays aux mœurs étranges
et insolites. C’est un paradoxe car ces groupes sociaux sont innombrables dans nos sociétés, à bien y regarder, chacun de nous ferait partie d’un de ces groupes qui s’y logent à tous les étages : dans le monde de l’entreprise, celui de l’éducation, des activités sportives, des loisirs, de la spiritualité. Un double paradoxe car tous ces individus endossent, voire exhibent leur vêtement dans le but présumé de permettre d’être reconnus, identifiés, remarqués.
© Charles Fréger, Opéra, 2015-2007
Imaginée pour le Studio Fotokino, l’exposition Fabula met en exergue la question de la mise en scène (celle opérée par les sujets dans leur attitude, et celle que le photographe met en place) en présentant une sélection de photographies dans lesquels les sujets sont figés dans une véritable posture théâtrale. Leur vêtement, la prise de vue, le contexte... tout concours à nous raconter une histoire, comme le feraient les acteurs d’une troupe. Fabula, ou l’art de la mise en scène théâtrale en latin.