Théâtre de la Photographie et de l’Image 27 boulevard Dubouchage 06000 Nice France
A travers un panorama réunissant 236 œuvres, le Théâtre de la Photographie et de l’Image présente l’univers imaginaire et fantasmé de Jean-Paul Goude. Nul n’est besoin de présenter encore ce créateur d’images aux talents multiples mondialement connu.
La publicité est partout, nul ne lui échappe, elle façonne le monde des images où nous vivons. Ephémère par nature elle est devenue une des composantes essentielle de notre univers visuel que construisent les images photographiques multipliées sur les murs des villes comme dans les pages des magazines. Dans cette production foisonnante et collective peu de noms surnagent qui méritent véritablement le qualificatif de « créateurs ». Jean-Paul Goude depuis trente ans fait partie de ce très petit nombre d’artistes qui ont su saisir ce que l’air du temps a de plus subtil pour construire une œuvre qui défie le temps. Il a proposé au cours de sa longue carrière quelques-unes des images qui ont le plus marqué notre mémoire collective. Qu’il s’agisse d’un travail de commande pour de grandes marques ou pour de véritables institutions commerciales comme les Galeries Lafayette ce qui le caractérise c’est la fabrication de personnages qu’il ne cesse de mettre en scène pour notre plus grand plaisir. Les travaux de commande présentés dans cette rétrospective posent une question fondamentale, n’est-ce pas dans ce domaine considéré comme marginal que s’expriment aujourd’hui les esprits les plus créatifs de notre temps. Cette exposition, conçue spécialement par l’artiste pour Nice et le Théâtre de la Photographie, montrera des photographies, mais également des dessins et un film inédit d’une cinquantaine de minutes réalisé pour cette occasion.
© Jean Paul Goude tous droits réservés
Une rencontre avec l’artiste aura lieu au Théâtre de la Photographie le samedi 15 février 2014 à 14 heures 30.
« Une introspection»
L’œuvre photographique de Jean-Paul Goude, bien que majeure est trop peu montrée. Perçue comme une photographie appliquée, elle est le plus souvent exposée détachée de son contexte. Elle n’a pourtant de sens que comme un récit : d’abord celui d’une vie de créateur. Cette exposition qui présentera 236 photographies et un film réalisé spécialement à cette occasion se présente en effet comme une « introspection » car Jean-Paul Goude ne conçoit pas de manifestation qui ne soit pas une narration personnelle. Non que sa vie soit un roman, comme le voudrait une expression trop galvaudée, mais parce que son parcours est exemplaire d’une époque. Des « minets » de Saint-Mandé au mythique Esquire de la décennie suivante, du New York de Warhol et des cultures métissées à Grace Jones, dont il fut le Pygmalion, de l’éclatant défilé du bicentenaire à la célébration du "Style Beur", des publicités Kodak ou Chanel aux variations sur Laetitia Casta, c’est aussi notre histoire qu’il raconte. Il le fait à chaque fois d’une manière nouvelle car il n’aime rien tant que de raconter la même histoire différemment. L’exposition que propose le Théâtre de la photographie de Nice n’est pas la rétrospective que le musée des Arts Décoratifs proposa en 2011, elle fait une place déterminante à la photographie même si le dessin et le film sont aussi présents. L’exposition vise avant tout à montrer un « métier », celui d’un artiste qui crée un monde auquel la photographie donne sa réalité, monde rêvé résultant du travail minutieux de toute une équipe, construction qui met en œuvre aussi bien toutes les ressources de décors de carton, de staff et de tissus que les mouvements des corps, les manipulations techniques savantes comme les simples collages. « Il réalise, écrivait Edgar Morin, dans l’éphémère, pour l’éphémère mais l’impression de cet éphémère devient durable et permet l’entrée au musée ».
© Jean Paul Goude tous droits réservés
La publicité est un des derniers domaines où les artistes peuvent se mesurer à d’autres enjeux que purement formels. La « fourchette », photographie réalisée en 1928 par Kertesz pour une marque d’orfèvrerie, les « larmes » réalisée en 1932 par Man Ray, pour un rimmel attestent que le cadre de la commande peut susciter des chefs-d’œuvre. Depuis trente ans les personnages créés par Jean-Paul Goude continuent de bousculer les canons et les règles de la représentation. La silhouette déstructurée de Grace Jones comme la beauté rayonnante de Laetitia Casta font désormais parties de notre Panthéon. Images devenues par le talent d’un créateur des icônes intemporelles.
© Jean Paul Goude tous droits réservés
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