Marie dans le vent, 2014 © Agnès Varda
Galerie Nathalie Obadia - Paris 3 Rue du Cloître Saint-merri 75004 Paris France
Nathalie Obadia est heureuse de présenter Triptyques atypiques, la première exposition personnelle d’Agnès Varda dans sa galerie parisienne, et sa troisième collaboration avec la réalisatrice emblématique de la Nouvelle Vague qui aime à se décrire comme « une vieille cinéaste devenue jeune artiste visuelle ».
Alors que le LACMA (Los Angeles County Museum of Art) expose jusqu’en juin 2014 un ensemble de pièces, dont une cabane en pellicules, sous le titre Agnès Varda in Californialand, la Galerie Nathalie Obadia donne à voir les propositions visuelles récentes de l’artiste qui combinent avec audace photographies, vidéos et matériaux divers. Triptyques atypiques fait référence au chiffre 3 et aux triptyques de la peinture ancienne qu’Agnès affectionne.
Des Portraits à volets vidéo montrent une image centrale, une photographie, généralement en noir et blanc (argentique), imprimée et accrochée au mur et des vidéos projetées de part et d’autre. Il s’agit de juxtaposer la fascination que peut exercer un visage immobile ou figé dans l’instant et l’énergie qui est dégagée par des images en mouvement directement liées au personnage central :
- Portrait de Kalmi, hip-hopeur et ses performances quasi acrobatiques - Marie dans le vent, échevelée mais immobile, entourée d’éoliennes tournant avec une régularité hypnotisante - Le ciré noir - Achille et Pâris, enfants de cirque, qui ont posé ensemble, et malgré leur très jeune âge, travaillent comme des professionnels au Cirque Phocéen - Alice et les vaches blanches, qui, par moments, vu le calme des vaches, propose aux visiteurs encore plus que les autres portraits à volets vidéo, une rêverie-réflexion sur notre compréhension du mouvement.
Il y a d’autres portraits en triptyque, cette fois-ci entièrement photographiques, couleur et/ou noir et blanc. Pour ceux-là, Agnès a conçu des cadres en métal, vaguement inspirés de ce que font les artisans mexicains, charnières comprises. Les photographies dans les volets de chaque triptyque sont en relation avec la personne photographiée : La jeune fille à la tourterelle (1950)/ Miquel Barceló (2011) / Rosalie, fille d’Agnès (2013).
Achille et Pâris, enfants de cirque, 2013 Tirage argentique noir et blanc encadré par des volets vidéos © Agnès Varda
Agnès Varda propose deux autres approches du triptyque : - Une image présentée en trois morçeaux du vieux Paris avec un petit chien (1950) - Une installation en trois objets en hommage à Lautréamont.
On sait qu’Agnès Varda a déjà traité le thème de la vision à trois images dans Le triptyque de Noirmoutier (2004) présenté à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, qui l’a fait entrer dans ses collections en même temps que le MOMA.
C’est aussi une composition morcelée, mais cette fois-ci en puzzle recomposé et exposé, qui accueille les visiteurs à la galerie. Cinq bacheliers qui venaient de passer leur Bac, se retrouvaient en vacances et ont posé pour Agnès sur une plage qu’elle affectionne à Noirmoutier.
L’exception confirmant la règle de trois, Agnès Varda expose sept images arrachées à l’une des séquences de son film Sans toit ni loi (1985). Elle prolonge ainsi sa réflexion sur la photographie et la vidéo dans leurs relations au temps et au mouvement. Incarnée par Sandrine Bonnaire, Mona y subit les assauts de personnages aux déguisements grotesques, les Paillasses, qui la recouvrent de lie de vin à l’occasion d’un rituel folklorique.
En capturant et immobilisant des instants filmés, le sujet, la signification et le rythme du film disparaissent au profit d’une série d’images abstraites, traces de mouvements.
© Agnès Varda
PROPOS D’AGNÈS VARDA
TRIPTYQUES ATYPIQUES
« Un titre qui rime, avec un Y qui se balade.
Un projet lié aux peintures anciennes et mon goût pour le chiffre 3 sont à l’origine du projet de cette exposition chez Nathalie Obadia, rue du Cloître Saint-Merri.
Divers triptyques: des photographies en 3 parties, des portraits argentiques à volets vidéo, des cadres en 3 panneaux... Classiques ou atypiques, on verra.
D’autre part, un puzzle de 167 morceaux emboités pour reconstituer une image, c’est un jeu qui se fige: des bacheliers se sont posés sur des poteaux comme des mouettes au repos.
On arrête le mouvement d’un film. On capture un 24ème de seconde. La violence est figée. Elle est annulée au profit d’images hors contexte.
J’aime proposer des juxtapositions et des assemblages en circulant parmi les médias à ma disposition : Photographie, Cinéma et Vidéo, noir et blanc et couleurs, papier, métal ou tôle ondulée, objets qui racontent une histoire... tout est matière à propositions .»
Agnès Varda, janvier 2014.