© Zineb Andress Arraki
« La fin, c’est l’univers absurde et cette attitude d’esprit qui éclaire le monde sous un jour qui lui est propre, pour en faire resplendir le visage privilégié et implacable qu’elle sait lui reconnaître. » A. Camus, Le Mythe de Sisyphe.
L’ exposition The End est un environnement où se croisent différents regards sur le caractère fragile et éphémère de l’existence. C’est la conscience de la finitude, comme expérience existentielle liée au temps et à l’espace, comme sentiment d’absurdité lié à notre devenir. Cette conscience peut prendre différents chemins, nous accompagner ou nous perdre. C’est une question d’attitude : l’homme qui a saisi l’absurdité peut toujours choisir de regarder son horizon avec résignation, indifférence ou conviction. Albert Camus décrit l’homme absurde comme un individu capable d’accepter le caractère éphémère de la vie et de transformer cette acceptation en créativité. C’est la proposition des artistes invités à cette exposition collective par le laboratoire DERIVA : arracher au mot de la fin son pessimisme, pour le transformer en révolte, ironie, mystère ou légèreté. C’est ainsi que l’histoire ambiguë de The End a pris forme, entre noirceur et lueur, dans les sous-entendus privés de chaque artiste.
© Benoit billotte
L’ exposition s’articule autour de trois moments : conscience, disparition, renaissance.
Conscience Quelque chose va arriver ou est déjà arrivé. Un préambule après la fin, puisque toujours, ça recommence. Face à l’horizon perdu (Susanna Lehtinen) et aux fossiles contemporains (Vaan), la conscience de notre absurdité. Et toujours ça recommence, comme un cycle qui se consomme en laissant à chaque tour, la trace de l’usure, de l’énergie, des efforts acharnés, comme le bruit d’un départ toujours en cours (Magali Sanheira). Sur le chemin de l’oxymore (Zineb Andress Arraki), entre l’individuel et l’universel, la vie comme un souffle (Jean-Baptiste Caron), poussière stellaire et découverte du cosmos (Benoît Billotte)
© Alexandre Maubert
Disparition Nombreuses, les destructions qui dévorent le temps et l’espace (Alexandre Maubert), ironie du sort (Audrey Martin). Mais la vie reste figée dans la glace (Laurent Pernot), imprimée dans la terre (Charlotte Charbonnel). Des images ancestrales dépassent la réflexion sur la condition humaine vers les interrogations universelles d’une histoire sans fin. La disparition devient mémoire.
Renaissance Retour, réflexion sur soi, passage (Muriel Leray). Renaissance d’une conscience libérée, résonance du corps avec la matière (Naziha Mestaoui), jusqu’à retrouver l’origine aquatique de cette existence éphémère.
© Alexandre Maubert