© Denis Darzacq
L’exposition « Ensemble » à L’Arsenal présente des photographies issues de la plupart des séries réalisées depuis quinze ans par Denis Darzacq. Elle révèle l’approfondissement de la réflexion de l’artiste sur la place souvent précaire de chacun dans la société contemporaine et montre les renouvellements méthodologiques qu’il a su apporter à son œuvre.
De la photographie de presse, qui fut, comme pour d’autres photographes français de sa génération, le berceau de sa pratique artistique, Denis Darzacq a conservé un regard aiguisé qui se nourrit d’un travail de terrain au contact direct et prolongé de son sujet. Mais il a rompu avec le reportage et sa valeur de témoignage pour adopter une démarche plus analytique donnant lieu à des séries formellement très cohérentes.
La chute © Denis Darzacq
Surtout, Denis Darzacq a acquis la conviction qu’une image construite pouvait paradoxalement servir son analyse de la société avec plus d’efficacité. Aussi recourt-il, depuis 2003, à des mises en scènes qui reposent sur le principe de la disruption. Par leur état ou leur pose, les corps mis en scène entrent en tension avec leur environnement et bouleversent l’ordre établi. Des jeunes gens posent seuls ou en groupe au pied de leur immeuble; d’autres semblent figés en apesanteur dans l’espace urbain ou entre des rayons de supermarchés et de magasins de moquette. Plus récemment, le montage numérique lui a permis de pousser plus à fond cette logique perturbatrice.
© Denis Darzacq
Si la méthode a évolué, le corps apparaît, depuis le début, comme le dénominateur commun des recherches de Denis Darzacq. L’artiste le conçoit comme une sculpture. Mais une sculpture sociale car le corps ne peut être extrait du contexte avec lequel il interagit. L’artiste en fait l’outil d’une critique des difficultés et des stigmatisations auxquelles se heurtent certains groupes, tout particulièrement les jeunes des quartiers défavorisés ou des zones reléguées, plus globalement, les populations en marges. Denis Darzacq pointe les contraintes et les contradictions sociales. Mais il invite aussi, par la rupture de gestes dépourvus de sens, à affirmer une identité toujours plus complexe que celle qui nous est assignée et à reconquérir une forme de liberté là où elle semble avoir disparu.
© Denis Darzacq