
© Macso
Cabinet Artistique Libre Choix Rue Defacqz 152 1060 Bruxelles Belgique
Le travail de Martine Cecchetto se place aux frontières de la catarcyse, véritable exorcisme de la camarde et de l'asphyxie de l'être aimé.
Ce vecteur cognitif est l'autoportrait, miroir implacable inhérent à toutes les Vanitas.
C'est un voyage aux portes des limbes ou l'angoisse et le désespoir s'étreignent en une ultime secousse.
Le masque d'argile occulte les sentiments, son impassibilité traduit la pudeur et trahit le déni qui suit la perte brutale et constitue la première phase du deuil. Mais paradoxalement la matière rigide va se craqueler et l'inconscient va se répandre et s'échapper de chaque interstice dilaté par la pression de l'âme et de la douleur sur le carcan étroit et fédérateur du surmoi.
Cette deuxième phase du deuil c'est la colère qui détruira le modelé lisse du masque et creusera tous les sillons.
Paradoxale exhibition qui prend la place de la structure atonale. Un peu comme la peau d'écailles irisées du serpent qui vient de muer... La troisième phase est l'effondrement, le gouffre insondable qui submerge, le poids du thanatos. Le corps est emmuré vivant dans un cercueil de verre conscient de son impuissance à s'élever, à tourner la page.
© Macso
Enfin la quatrième phase est la renaissance, accouchement éblouissant après un état chrysalitique indispensable. Ce voyage intime et percutant retrace son deuil et ses résonances psychanalytiques. Mais cette expérience personnelle a vocation universelle et résonne dans chaque être, elle reflète notre condition mortelle, que l'on nie car elle nous est insupportable mais qui l'espace d'une vanitas nous revient en mémoire...
Caroline Frébutte
© Macso
Une alchimie particulière habite l’œuvre photographique de Martine Cecchetto. Son histoire distille à nos imaginaires les pages d’un cheminement douloureux. Du fœtus, chrysalide évanescente, d’où renaît une femme libérée de ses tabous aux mises en scène oniriques des corps nus dans leur voile argileux, évoluant dans des poses dignes de Rodin ou Michel Ange, toujours l’artiste trouve la juste mesure. La monstration du corps reste pudique, élégante, théâtrale, loin des clichés érotiques. Des corps, des visages enrobés d’argile ou d’écharpes de gaze créent une symbiose entre les modèles et l’univers fantasmé de Martine Cecchetto. La blancheur de l’argile, les craquelures, la fine pellicule poudreuse accrochée à même la peau transcendent le corps. L’artiste n’y voit aucun rituel, peut être, mais le spectateur, lui, y décèle une grande similitude avec les rites d’initiations de certaines peuplades africaines. En cela, toute la magie de l’univers créé par la photographe s’efface, elle donne alors à voir de beaux portraits, un autre aspect de son travail et ses recherches artistiques. Au-delà des artifices, des mises en scène, le travail photographique de Martine Cecchetto nous projette dans un monde mirifique, sensible et plein de charme.
Anne van Opberg