© Roger Ballen
Roger Ballen, photographe américain de 63 ans, est réputé pour son univers sombre et inquiétant. Ses images en noir et blanc, d'animaux souvent, mais de personnages aussi, font partie d'un imaginaire propre à un artiste hors du commun.
Membre de l'agence VU', il a beaucoup réfléchi, travaillé et photographié son pays d'adoption, qu'est l'Afrique du Sud. Il y a regardé de près les différentes communautés, et la cohabitation entre noirs et blancs dans un pays récemment séparé de l'apartheid. En particulier les exclus, où ceux qui sont difficilement acceptés par beaucoup d'intolérants. « Les "pauvres blancs" ont toujours compté sur le paternalisme protecteur du régime de l'apartheid, qui était en mesure de les soutenir. Mais le régime est mort, laissant derrière lui un héritage de récession économique, d'isolationnisme, de répression, d'ignorance, de bigoterie sociale et de désarroi politique et racial. Ainsi, le manteau de gloire de la supériorité de la race blanche est-il tombé de leurs épaules. Ils courent le risque de devenir à leur tour les déchets de la nouvelle Afrique du Sud.» écrira Roger Ballen en introduction de son ouvrage Platteland : images from rural South Africa (1994).
Mais Roger Ballen a plus d'une corde à son arc. Il y a huit ans, il rencontre Die Antwoord, un groupe de rap futuriste originaire de Cape Town. Complètement passionné par l'art photographique de Roger Ballen, le groupe lui demande en effet de réaliser son clip de I Fink U Freeky, de leur dernier album. Sorti en 2012, le clip compte aujourd'hui 39 839 509 vues sur youtube. Un chiffre impressionnant, pour un clip pour lequel Roger Ballen ne peut certainement pas renier sa paternité.
L'ouvrage Die Antwoord : I Fink You Freeky a été publié cette année chez Prestel.
Claire Mayer