Passages de l’image 1, cours Nemausus B103 300 Nîmes France
GENERIC CITY
Cette ville du lisse et du standardisé, cette ville du contrôle et de l’aseptisé, cette ville de l’artère routière et du motorisé, cette ville du « sous-vide » et de l’électricité, cette ville mondiale et globalisée, cette ville sans âme et sous-humanisée, cette ville moderne d’avant et d’après, cette ville qui est devenue la ville sans que l’on s’en rende compte, cette ville où Marlboro, Mac Do et Coca trônent en rois, cette ville « plug-in », cette ville « plug out », cette ville générique ou, mieux dit, cette « Generic City », parce que cela fait mieux, plus connecté, plus en phase avec ce monde qui à terme ne conservera plus qu’une langue (la novlangue1 ?), plus qu’un peuple vêtu de la tête aux pieds par les marques mondiales, cette ville où l’on glisse sans s’en douter d’un Mall à un Multiplexe, des rayons de la Fnac aux fauteuils de la Smac, d’un fast-food au siège de sa voiture, toujours en atmosphère climatisée… Cette ville sans racines, sans fondations, aux architectures et aux urbanismes interchangeables, cette ville où l’arbre, intrus, ne pousse plus et où on l’incorpore « formolisé » aux espaces clos des galeries marchandes, cette ville privatisée où manifester n’est plus toléré, cette ville colorée et « plastique », cette ville sans anicroches, cette ville sans passé, cette ville proche et lointaine, où l’on ne vient pas vivre mais consommer. Cette ville qui envahit la terre avec ses mêmes modes de déploiements, ses mêmes logiques urbanistiques, cette ville à la température constante où les changements de saisons ne sont plus que des arguments commerciaux, cette ville qui nourrit un rapport au monde déréalisé, cette ville de verre et d’acier, froide et impersonnelle, cette ville aéroport, gare TGV, échangeur routier, cette ville, pour le meilleur et pour le pire, est la notre, d’aujourd’hui, de demain et pour longtemps.
Patrice LOUBON
Directeur de la Biennale Images et Patrimoine
© Alain Bublex